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Leur société
Salon du Made in France : Boniments made in Montebourg
Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, a inauguré samedi 9 novembre le salon du Made in France, deuxième du nom. Il y a affirmé qu'« avec sa carte bleue on pouvait voter chinois... ou voter pour la PME d'à côté » et que les « Français commençaient à se donner la main » pour produire et acheter en France. La question économique pourrait donc se résoudre grâce aux entrepreneurs qui produisent en France et aux consommateurs qui achètent français.
C'est oublier un peu vite que la consommation des classes populaires est limitée par les bas salaires, voire par l'absence de salaire, par la part croissante qui va au loyer, au transport, au chauffage, etc. La splendide marinière en coton made in France ou le vrai blue-jean américain intégralement français sont donc réservés à ceux qui peuvent se les payer. Les autres sont bien obligés de se contenter d'un pantalon « made in pas trop cher ».
C'est oublier aussi, en prenant toujours l'exemple de la marinière, qu'il ne pousse pas un seul cotonnier sous nos latitudes et que le coton est justement une matière première typique de la mondialisation... depuis près de trois siècles. Et quand bien même le coton de la marinière serait filé, tissé, teint, coupé et assemblé en France, encore faut-il des machines pour le travailler. On n'en fabrique plus guère en France, si même on en fabrique encore. Et d'où viennent les ordinateurs, l'asphalte des routes, l'énergie nécessaire à tout le processus de production et de vente, le carton des emballages, etc. La plus française des marinières fabriquées en France est, au-delà du boniment politique et commercial, un produit de l'économie mondiale. Cela fait bien longtemps que la production de toutes les marchandises est le résultat de la coopération et du travail des prolétaires du monde entier. Seul le profit et l'État qui le garantit restent made in France.