Depuis un an, Orange, SFR et Bouygues font l'éloge de la norme de communication 4G qui, expliquent-ils, permet un débit plus élevé que la 3G. Ils ont donc présenté cette technologie, facturée 5 à 10 euros par mois, comme un atout par rapport à leur concurrent Free. Or le patron de Free Xavier Niel vient d'annoncer qu'il allait offrir à ses abonnés la 4G au prix de la 3G. Voilà qui oblige Orange, SFR et Bouygues à répondre par des baisses de prix, et donc à réduire leurs marges. Ils viennent cependant de trouver un appui bienvenu du côté du gouvernement.

Benoît Hamon, anciennement champion de la « gauche » du PS et maintenant ministre chargé de la Consommation, a appelé les usagers à être vigilants sur la qualité de service. « Une stratégie low cost conduit nécessairement à un sous-investissement dans les infrastructures, à une dégradation du service rendu et à des destructions d'emplois », a aussi expliqué le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, avec sa consoeur Fleur Pellerin, chargée de l'Économie numérique.

En janvier 2012, après l'offre low cost de Free sur la 3G, Arnaud Montebourg, qui n'était pas encore ministre, avait pourtant « tweeté » : « Xavier Niel vient de faire avec son nouveau forfait illimité plus pour le pouvoir d'achat des Français que Nicolas Sarkozy en cinq ans. » Mais depuis, il est manifestement devenu sensible aux arguments des gros opérateurs téléphoniques, ravis de ses nouvelles déclarations, s'ils ne les ont pas tout simplement dictées.

Curieux, tout de même, de voir des apôtres de la concurrence, présentée comme le meilleur atout pour le pouvoir d'achat, se muer en défenseurs des requins SFR, Orange et Bouygues. Bien sûr, Free, qui se présente comme le Petit Poucet de la bande, n'est pas forcément le moins vorace des quatre. Mais il faut croire que les trois autres ont de meilleures relations, en tout cas plus de poids auprès de Montebourg.