- Accueil
- Lutte ouvrière n°2371
- Syrie, Irak, Liban... : Le chaos s'étend
Dans le monde
Syrie, Irak, Liban... : Le chaos s'étend
Bien loin des manifestations populaires contre la dictature de Bachar el-Assad qui avaient eu lieu au début de l'année 2011, le conflit en Syrie s'est transformé en un affrontement entre cliques militaires, toutes coupées de la population et plus réactionnaires les unes que les autres. Les États impérialistes, à commencer par le plus puissant, les États-Unis, ont largement leur part de responsabilité dans cette évolution. Après avoir souhaité que la dictature syrienne réussisse à mater la contestation, les grandes puissances ont misé sur sa déstabilisation. Et la guerre civile en Syrie est alors rapidement devenue le terrain d'affrontement des puissances régionales comme la Turquie, l'Arabie saoudite, l'Iran ou d'autres, chacune soutenant financièrement, par des envois d'armes ou de troupes, telle ou telle milice ou encore le pouvoir d'Assad.
En retour, dans des pays limitrophes de la Syrie, comme l'Irak ou le Liban, où le pouvoir d'État était déjà fragilisé, la guerre civile syrienne a été un facteur d'aggravation.
Au Liban, le 27 décembre dernier, un attentat a fait sept morts. La cible atteinte était un membre de la coalition de l'ancien Premier ministre Saad Hariri représentant les intérêts de la bourgeoisie sunnite mais aussi d'une partie de la bourgeoisie chrétienne, liée financièrement et personnellement à l'Arabie saoudite. Le 2 janvier, un second attentat a eu lieu dans les quartiers sud de Beyrouth, bastion de l'organisation du Hezbollah, faisant cinq morts et 66 blessés. Ce parti, le Hezbollah, implanté dans les milieux musulmans chiites, ayant aussi des liens avec une autre partie de la bourgeoisie chrétienne libanaise, est lui soutenu par l'Iran. Le Hezbollah a même envoyé des troupes combattre en Syrie du côté du dictateur Assad.
Mais c'est surtout en Irak, un pays déjà largement déstabilisé par les interventions militaires américaines, que la situation se dégrade maintenant. La prise de Falloujah par l'EIIL est le signe que les milices djihadistes, affaiblies en Syrie face au régime d'Assad et lâchées par les États-Unis, sont en train de refluer en Irak, où elles deviennent un facteur de déstabilisation supplémentaire.
Les affrontements qui se généralisent ainsi dans toute la région sont souvent présentés comme une guerre entre sunnites et chiites, une guerre de religion en somme. Mais la religion en fait ne compte guère, sinon à titre de couverture. Il s'agit d'un affrontement entre puissances régionales, souvent par milices interposées, attisé par les manœuvres des puissances impérialistes. Même si celles-ci finissent par ne plus arriver à contrôler jusqu'à leurs propres créatures.