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- Lutte ouvrière n°2379
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Dans le monde
Ukraine : Relents de guerre froide
Dans le bras de fer essentiellement diplomatique qui oppose l'Occident impérialiste à la Russie à propos de l'Ukraine, on est frappé par le ton, les propos des dirigeants occidentaux. Ils évoquent la guerre froide, cet affrontement qui avait dressé les États-Unis et leurs alliés contre l'Union soviétique après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L'URSS, que le président américain Reagan appelait « l'empire du mal », était censée justifier l'existence d'organismes militaires pour en protéger le monde dit libre, telle l'OTAN, une coalition de forces armées autour de celles des États-Unis. Or, si l'URSS a disparu fin 1991 et si la Russie ne fait même plus semblant de se revendiquer du communisme, on n'a pas démantelé l'OTAN. Elle dispose même de la plus puissante armada de missiles balistiques et de sous-marins nucléaires que l'on puisse imaginer. Mais cela ne l'empêche pas de se présenter comme une quasi-organisation pacifiste, quand son secrétaire général déclare : « Nous sommes prêts à soutenir l'Ukraine dans ses réformes démocratiques. »
Les médias d'ici ont d'autant plus facilement repris cette déclaration qu'eux et les gouvernants ouest-européens se reconnaissent dans cette politique et sa présentation cynique. De même quand l'OTAN exhorte la Russie « à éviter toute action pouvant provoquer une escalade » ou qu'elle l'accuse de « menacer la paix en Europe », alors que les États membres de l'OTAN ne cessent de mener des guerres aux quatre coins de la planète.
Les gros titres « Jusqu'où Poutine ira-t-il ? », « Peut-on encore éviter la guerre en Ukraine ? » du Parisien ou de ses semblables reflètent, non pas tant la réalité sur le terrain, que le cynisme éditorial, commercial et politique de médias qui en rajoutent. Mais ils sont aussi révélateurs de la poursuite du bras de fer entre les grandes puissances occidentales et la Russie, dont elles essayent constamment de rogner la zone d'influence.
Certes, cela reste un affrontement par alliés interposés, et les grandes puissances n'ont nulle envie ni besoin d'un conflit qui, même s'il se voulait limité à l'Ukraine, se déroulerait aux portes de l'Union européenne. Alors, demain ou après-demain, des dirigeants d'ici ne manqueront pas de se vanter d'avoir « évité la guerre », tel Sarkozy en 2008 lors du conflit entre la Russie et la Géorgie que l'Occident cherchait à détacher de Moscou. Mais, si les événements autour de la crise ukrainienne montrent une chose, c'est que l'éclatement de l'URSS n'a nullement mis fin à la volonté hégémonique des puissances impérialistes et à leur politique belliqueuse, ni d'ailleurs au cynisme avec lequel dirigeants et médias peuvent mentir de façon éhontée, pour orienter le public dans le sens que souhaite la bourgeoisie.