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Dans le monde
Rwanda : La condamnation d'un génocidaire...mais pas des responsables français
Pascal Simbikwanga n'était pas un simple officier rwandais. Il faisait partie des cercles du pouvoir, était devenu responsable des services de renseignement ayant participé à la propagande préparant le génocide. Lors du procès, de nombreux témoins l'ont taxé de « tortionnaire à la réputation redoutable ». En parallèle, il était l'un des actionnaires importants de la Radio Mille Collines, qui disait à longueur d'ondes que les Tutsis étaient « des cafards, des cancrelats bons à abattre », et a poussé au meurtre durant toute cette période.
Durant les mois fatidiques, Pascal Simbikwanga a été maintes fois vu en train de circuler de barrage en barrage et il a été prouvé que ses hommes ont apporté des fusils et de la nourriture aux miliciens interahamwe qui exterminaient les Tutsis et les opposants Hutus au régime. De nombreux témoins sont venus expliquer qu'il avait droit de vie et de mort sur les hommes circulant dans son quartier. Mais lui s'est contenté de déclarer que, durant ces trois mois, il n'avait vu aucun cadavre dans les rues. Et pendant le procès il a continué à nier l'existence de ce génocide.
Cette condamnation a donc été vécue comme une reconnaissance de leurs terribles souffrances par les victimes et les parties civiles, car la cour d'assises, en condamnant Simbikwanga, a reconnu aussi que le génocide rwandais n'avait pas été une explosion incontrôlable de violences ethniques, mais un massacre planifié de longue date.
Le génocide rwandais de 1994 n'a pas été un « terrible tourbillon qui a emporté ce petit pays des grands lacs dans la folie meurtrière », comme l'écrit encore aujourd'hui le journal Le Monde, qui pendant des années a nié l'existence de ce génocide. Depuis des mois et des années, le pouvoir en place préparait ces massacres avec une propagande raciste permanente, en armant des milices et en établissant des listes de victimes. Le pouvoir rwandais qui a perpétré ce génocide a eu le soutien du président français de l'époque, François Mitterrand, et de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. L'armée française, présente sur place jusqu'aux premiers jours des massacres, a armé et formé les génocidaires, puis favorisé l'évacuation des criminels.
Tant que la complicité des autorités françaises n'aura pas été reconnue, on sera encore loin de la vérité.