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- Lutte ouvrière n°2381
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Dans les entreprises
Stora Corbehem, (Pas-de-Calais) : Patron et gouvernement main dans la main pour licencier
Comme à chaque manifestation des travailleurs de Stora, les rues et les places étaient jonchées de papier blanc. Les patrons finlandais et suédois de Stora, eux, ont décidé que la production du papier n'était plus assez rentable et ferment deux usines en Finlande et une en France. Depuis presque deux mois, la seule et unique immense machine à papier de l'usine est à l'arrêt. Mais les salariés viennent tous les jours et sont encore payés à rester auprès d'elle. En attente de quoi ? La fermeture annoncée est pour le mois d'août 2014, ainsi que le licenciement des 320 travailleurs restant dans cette usine qui en employait encore plus d'un millier il y a quelques années.
Les syndicats ont entamé des négociations pour un plan de sauvegarde de l'emploi (le nom actuel du plan de licenciements), tandis que le patron continue de faire semblant de chercher un repreneur. Il joue cette comédie depuis plus de deux ans, en expliquant qu'il n'y a pas besoin de discuter d'indemnités de départ puisqu'un repreneur pourrait se présenter. Il est aidé dans ce cinéma par le ministre Montebourg, qui sort régulièrement des repreneurs de sa manche en les jugeant sérieux.
Montebourg en profite même pour expliquer aux salariés qu'il suffit d'attendre et d'être sages. Par exemple, quand il est venu visiter l'usine il y a un mois, il a demandé que les banderoles « Tueur d'emplois » ou « Stora assassin » soient retirées. D'après lui, cela « gênerait des visiteurs éventuels et pourrait les mettre mal à l'aise ». Et sa collaboratrice directe, qui est restée sur place pour « accompagner les mutations nécessaires », ne cesse de répéter qu'il ne s'agit pas de négocier un plan social, mais d'abord et exclusivement de penser au rachat de l'entreprise.
Les salariés ne croient plus à un repreneur. Ils réclament donc que Stora paye... avant de disparaître. Mais aucune somme n'est encore avancée. Cela viendra plus tard, répondent en chœur le directeur de l'usine et certains syndicalistes. Mais, parmi les salariés, l'impatience grandit, et la colère aussi, comme l'a montré cette manifestation du 18 mars.