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- Lutte ouvrière n°2387
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Reprise en Espagne ? Au patronat de financer les emplois
Avec ses 4,796 millions de travailleurs inscrits au chômage, soit 26 % de la population active, chiffre reconnu par le ministère de l'Emploi, l'Espagne est au même niveau que la Grèce. Toutes les régions de l'État espagnol sont touchées. L'Andalousie, les Canaries, l'Estrémadure atteignent des taux records. Même la Catalogne, avec ses plus de 600 000 chômeurs officiels, atteint un niveau jamais vu dans son histoire.
Ce désastre social frappe l'ensemble des classes populaires.
Le grand nombre des demandeurs d'emploi, dont beaucoup n'ont plus de revenu, encourage les employeurs à baisser le niveau des salaires. De nombreux travailleurs sont au smic, qui est désormais à 645 euros pour un plein-temps. 17,7 millions de salariés, même qualifiés ou diplômés, doivent se contenter de 1 000 euros. De nombreuses entreprises en profitent pour revoir les salaires à la baisse, afin d'éviter, prétendent-elles, des suppressions d'emplois.
La jeunesse, elle, est particulièrement touchée, puisque 53 % des jeunes de moins de 25 ans sont à la recherche d'un emploi. Nombreux sont ceux qui ne trouvent rien. Et la plupart doivent se contenter d'embauches précaires, à temps partiel, avec des contrats que les patrons ne respectent pas.
Cette situation n'est pas une fatalité. Peu avant que ne tombent ces statistiques concernant le chômage, étaient divulguées celles concernant la santé des entreprises cotées en Bourse. D'après les données officielles fournies par la Commission nationale des valeurs, ces entreprises ont bouclé l'année 2013 en répartissant à leurs actionnaires plus de 8 milliards d'euros, chiffre que le gouvernement lui-même met en avant pour parler de reprise. Si l'on prend en compte les données officielles internationales, qui évaluent à 19 200 euros le coût moyen d'un salaire en Espagne, ces dividendes, qui sont une partie seulement des bénéfices des entreprises, permettraient de créer 400 000 emplois.
Ces chiffres indiquent que les moyens de financer des emplois existent : ils sont dans les caisses du patronat, des banquiers et des actionnaires.