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- Lutte ouvrière n°2404
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Leur société
Quand les sucriers en veulent (et en ont !) : Toujours plus
Lors d'une rencontre avec les députés des DOM, Philippe Labro, le patron des deux usines réunionnaises, celles du Gol et de Bois-Rouge, leur avait fait part de l'inquiétude de son groupe quant à la pérennisation de la filière canne. Le prix du sucre produit à la Réunion, avait-il dit, est nettement supérieur à celui produit dans des pays comme le Brésil (où Tereos est fortement implanté) et même à celui des betteraviers européens.
Ce handicap est aujourd'hui compensé par les subventions que versent l'Europe et l'État français aux producteurs et aux transformateurs, à savoir les planteurs et les industriels. La fin des quotas et des prix garantis pourrait donc remettre en question l'intérêt de produire de la canne à sucre dans l'île. « Il va de soi que nous ne prendrons pas l'engagement de leur (les planteurs) acheter des cannes si nous ne sommes pas certains de vendre le sucre », avait tenu à dire le représentant de Tereos. Ce dernier ne brandissait pas la menace de la fermeture des deux usines réunionnaises, mais il en faisait porter par avance la responsabilité à l'État si celui-ci ne compensait pas le manque à gagner, en offrant à la filière une subvention supplémentaire de 38 millions d'euros. Lors de son passage du 21 août à La Réunion, Hollande a annoncé qu'il exauçait tous leurs voeux !
Ce chantage est d'autant plus scandaleux que Tereos, premier groupe sucrier de France et cinquième à l'échelle mondiale, se porte à merveille En 2013 son chiffre d'affaires s'est monté à 4,7 milliards et son bénéfice à près de 700 millions. L'avenir du groupe est tout aussi radieux. Tereos se prépare à passer le cap de la suppression des quotas sucriers sans trop s'inquiéter. Alexis Duval, le président du directoire, a même été jusqu'à dire : « Nous devrions être l'un des principaux bénéficiaires de la réforme. » La réforme des quotas va en effet permettre au groupe d'accroître ses volumes de production de betterave sucrière de 20 % et de pousser les usines à leur maximum de production.
L'avenir, la direction et les actionnaires de Tereos l'envisagent avec optimisme, sans que l'on puisse en dire autant pour les travailleurs des usines, les petits planteurs et les ouvriers agricoles, qui dès à présent craignent pour leur avenir.
Les capitalistes vont se sucrer toujours plus. À eux de garantir les emplois et les revenus !