Pôle emploi : Le gouvernement cherche des flics anti-chômeurs10/09/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/09/une2406.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pôle emploi : Le gouvernement cherche des flics anti-chômeurs

La déclaration du ministre du Travail, Rebsamen, favorable à des contrôles et des sanctions accrues contre les chômeurs est à l'usage d'une opinion publique réactionnaire, à commencer par un certain nombre de patrons petits et grands pour lesquels les travailleurs, qu'ils soient en activité ou au chômage, coûtent toujours trop cher. Mais ce n'est pas qu'un discours imbécile. Il est destiné à préparer de nouvelles attaques contre les chômeurs.

Les contrôles et les sanctions contre les chômeurs existent déjà : « La première absence à un entretien "coûte" deux mois de radiation et de suppression d'allocations. » De plus, « utiliser les entretiens téléphoniques a conduit à légaliser les mêmes sanctions que celles prévues en cas d'absence aux entretiens physiques », note le médiateur de Pôle emploi dans son rapport de mars 2014.

Sous Sarkozy, le nombre de radiations avait doublé, passant de 20 000 à 40 000 par mois en moyenne, un chiffre qui est en train d'être dépassé. Il est question aussi de radier davantage les chômeurs qui refusent une deuxième offre d'emploi prétendument « raisonnable », une possibilité ouverte par Fillon en 2008 alors qu'il était Premier ministre de Sarkozy. Au bout de six mois de chômage, un demandeur d'emploi devrait accepter un emploi avec un salaire réduit de 20 % par rapport à son ancien salaire et, au bout d'un an, un salaire tout juste supérieur à son allocation-chômage !

Les conseillers de Pôle emploi doivent recevoir les demandeurs de façon de plus en plus expéditive, au risque de les décevoir et de provoquer l'énervement, voire le désespoir ou la violence qui éclate, alors même que les patrons refusent d'embaucher, licencient, ou n'offrent que des petits boulots payés au lance-pierre et souvent à temps partiel. Et il faudrait en plus menacer les chômeurs de leur couper les vivres, voire passer de la menace à l'exécution ?

Bien des travailleurs de Pôle emploi, sans forcément le clamer sur les toits, refusent de se transformer en flics anti-chômeurs. Pôle emploi a donc sélectionné parmi ses employés des brigades spécialisées dans ce sale boulot. Elles ont été créées discrètement depuis plus d'un an dans quatre régions tests, et il est maintenant question de les généraliser.

En 2005, le PS critiquait le gouvernement Sarkozy en déclarant « Le gouvernement confirme que pour lui, la lutte contre le chômage est d'abord une lutte contre les chômeurs. » Cela aussi s'applique tout à fait au gouvernement socialiste d'aujourd'hui.

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