EuroDisney, Marne la Vallée : Une entreprise qui roule sur l'or08/10/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/10/une2410.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EuroDisney, Marne la Vallée : Une entreprise qui roule sur l'or

Lundi 6 octobre, à 7 heures du matin, les délégués au comité d'entreprise d'EuroDisney à Marne-la-Vallée étaient convoqués, avec pour ordre du jour « la situation financière du groupe ». Dramatiser la situation, voilà ce que le nouveau PDG Tom Wolber, qui vient de remplacer Philippe Gas parti diriger le parc Disney de Shanghai, a dans la tête.

À la simple convocation d'un CE extraordinaire, la réaction d'une partie du personnel a été : « Ça ne sent pas bon. » La direction d'EuroDisney se plaint, car le parc n'aurait attiré cette année que 14,9 millions de visiteurs, alors que la fréquentation avait été de 16 millions pour le vingtième anniversaire, en 2012. Mais en même temps, cela ne la gêne pas de se présenter comme le premier parc de loisirs européen, et de loin. Il est vrai que l'État s'est mis depuis longtemps aux petits soins pour Disney, amenant le RER et même une gare TGV avec les tarifs « ouigo » uniquement à Marne-la-Vallée, devant la porte d'entrée, sans oublier la bretelle d'accès à l'autoroute A4 qui passe à côté.

À en croire la presse, la direction aurait toutes les raisons de se plaindre : « En vingt-deux ans d'activité, elle n'a affiché que sept exercices bénéficiaires, surtout les premières années. Depuis 2002, elle a au contraire essuyé une perte nette cumulée de plus de 800 millions d'euros. De quoi désespérer les actionnaires », écrit le journal Le Monde. Mais il oublie de dire que la redevance annuelle à la maison mère est de l'ordre de 75 millions d'euros et que le fait de déclarer des pertes permet à cette société de ne pas payer d'impôts, mais de recevoir plein pot le CICE.

Quant aux actionnaires, ils ne sont pas si désespérés que cela. Certes, il y a les petits actionnaires qui sont les dindons de la farce. Mais beaucoup ont acheté une ou plusieurs actions, juste pour avoir le droit de venir gratuitement au parc une fois par an, lors des assemblées générales.

Et il y a les autres : la maison mère américaine détient 40 % des actions, aux côtés du prince saoudien Al-Waleed (10 %) et d'une cohorte d'investisseurs privés et institutionnels (50 %). Robert A. Iger, le président-directeur général de la maison mère Walt Disney Company, a déclaré en mai dernier être « extrêmement satisfait de nos résultats de ce semestre, affichant une croissance à deux chiffres du résultat opérationnel » et « le plus important bénéfice par action trimestriel de l'histoire du groupe ». Ce PDG vient de voir son contrat renouvelé jusqu'en 2016 et son salaire de 2,5 millions de dollars maintenu par rapport à l'exercice précédent. Il a également gagné 17,3 millions de dollars en actions et options, un montant similaire à celui de l'an dernier. De plus, il vient d'être nommé CEO (Chief executive officer) de l'année par l'hebdomadaire américain Executive Magazine.

Autrement dit, les pertes affichées par l'un font les bénéfices de l'autre... et quand c'est la même maison, c'est encore mieux.

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