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Dans le monde
Brésil : Dilma Rousseff réélue
Le vote Rousseff domine toujours dans le Nordeste. Il atteint par exemple près des deux tiers à Salvador de Bahia : les programmes d'assistance mis en place par Lula il y a une dizaine d'années assurent un minimum vital aux populations très pauvres de cette région. Neves l'emporte dans le Sud-Est, région la plus développée et la plus riche, avec par exemple les deux tiers des voix dans l'État de Sao Paulo, le berceau du Parti des travailleurs (PT) de Lula et de Rousseff. Il reçoit les voix non seulement des classes riches, qui votent traditionnellement à droite, mais aussi des « nouvelles classes moyennes », ces salariés relativement aisés créés par la prospérité des années Lula et qui aspirent à un changement.
Dans son discours après sa victoire, Rousseff a d'abord remercié Lula. Comme il y a quatre ans, l'ancien métallo fondateur du PT a tout fait pour son élection, la présentant comme son héritière et la garante d'une politique favorable aux ouvriers et aux pauvres.
Pour son second mandat, Rousseff a promis d'être meilleure. Elle en a appelé à l'unité nationale, annonçant le dialogue et le changement. Elle a renouvelé son engagement de lutter contre la corruption. On peut douter de l'efficacité de cette lutte, quand on voit les scandales politico-financiers qui secouent les partis et le gouvernement. Rousseff a aussi annoncé une réforme politique, sans en préciser le contenu. C'est déjà ce qu'elle avait proposé en juin 2013, dans l'intention de mettre fin à la vague de manifestations, et dont elle n'avait plus reparlé. Il est vrai qu'il suffit de parler de réforme politique pour braquer la totalité des politiciens et des partis brésiliens.
Enfin, et plus important, elle s'est engagée à collaborer avec « la production et la finance », c'est-à-dire à poursuivre sa politique en faveur des industriels, de l'agro-business et des banques. Sur ce terrain, elle n'aura pas de mal à réaliser l'unité : José Serra, un des ténors de la droite, a déjà assuré que le PSDB, le parti de Neves, « ne fera pas d'opposition destructive ».
Dans ce discours, Dilma Rousseff n'a rien annoncé pour les travailleurs, qui ont en majorité voté pour elle, de peur des attaques de la droite. Mais, par ses engagements de maîtriser les dépenses publiques et la consommation, on devine ce qu'elle leur réserve : le blocage des salaires, la flexibilité du travail et la réduction de tous les services publics, santé, enseignement, transports.
Ces thèmes avaient été au coeur des manifestations de juin 2013. Rousseff aura sans doute encore à se mesurer au mécontentement des couches populaires.