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Iran : Dictature sur les femmes
Dans la soirée du 24 octobre, toujours à Ispahan, des nervis appartenant aux Pasdarans, organisation paramilitaire soutien du pouvoir, ont commis une nouvelle agression à l'acide contre une jeune femme de 24 ans. À Téhéran, le 21 octobre, une agression similaire s'est déroulée lorsque des hommes à moto ont jeté de l'acide au visage d'une femme d'une quarantaine d'années assise dans une voiture. Celle-ci a plus de la moitié du visage brûlé.
Ces milices liées au pouvoir se sont ainsi attaquées à au moins vingt-cinq femmes dans les villes d'Ispahan, de Kermanchah et de Téhéran. Le président Hassan Rohani s'est senti obligé de condamner les coupables, promettant « la punition la plus dure ». Mais l'attitude du pouvoir est en réalité tout autre. Une loi intitulée « Soutien à ceux qui font la promotion de la vertu et combattent le vice » est en discussion au Parlement. Elle prévoit une plus grande marge de manoeuvre et une protection juridique pour les individus et les organisations qui s'en prennent en particulier aux femmes coupables à leurs yeux d'être « mal voilées ». Malgré les tentatives du régime pour les interdire, plusieurs manifestations ont été organisées pour protester contre ces atrocités.
La répression qui s'abat sur les femmes n'est pas seulement le fait de ces milices, mais du régime dans son ensemble. Ainsi le 25 octobre une avocate, Nasrine Sotoudeh, était arrêtée à Téhéran alors qu'elle protestait contre ces agressions à l'acide. Le pouvoir lui avait déjà interdit de plaider pendant trois ans et l'avait ensuite emprisonnée parce qu'elle s'était chargée de défendre des prisonniers politiques. Une jeune femme de 25 ans, Ghonchech Ghavami, a été arrêtée en juin pour avoir tenté d'assister à un match de volley-ball à Téhéran, en protestation contre l'interdiction de la présence des femmes dans les tribunes. Elle est en prison depuis près de 80 jours. Enfin, le 25 octobre, une jeune Iranienne, Reyhaneh Jabbari, condamnée à mort pour le meurtre d'un homme qui l'avait agressée sexuellement, était pendue à la prison de Téhéran, une exécution qui a eu lieu malgré les nombreuses protestations internationales dénonçant l'attitude de la cour qui n'avait pas pris en compte toutes les preuves et le fait que ses aveux avaient été obtenus sous la contrainte.
Ces crimes contre les femmes, cette répression quotidienne et les exécutions capitales, dont le nombre n'a cessé d'augmenter (plus de mille depuis l'arrivée au pouvoir de Rohani), font partie des pratiques du pouvoir pour se maintenir. Un mollah, Movahedi Kermani, l'avouait en juin dernier en déclarant que « l'émergence des mal-voilées dans le pays est un pied-de-nez au régime ». Mais les femmes iraniennes ne supporteront pas éternellement cette dictature policière et théocratique.