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Dans le monde
Palestine : La colère contre l'occupation
Après l'écrasement de Gaza l'été dernier sous un déluge de bombes et de tirs « ciblés » ayant tué plus de 2 000 personnes et laissé les habitants, sous le choc, au milieu des décombres et privés de tout ou presque, les provocations gouvernementales se succèdent. La fausse neutralité du Premier ministre Netanyahou à l'égard de l'extrême droite religieuse qui parade sur l'esplanade des Mosquées à Jerusalem en est une, et elle a mis le feu aux poudres, suscitant des attentats-suicides visant des Juifs israéliens. Avec l'aval explicite du ministre de la Sécurité, et quasiment un permis de tuer - « un terroriste qui attaque des civils mérite d'être tué » - , les forces de police ont été déployées dans plusieurs villes cisjordaniennes.
La colère a flambé le 8 novembre, cette fois sur le territoire israélien, dans la ville arabe de Kafr Cana proche de Haïfa, après la mort d'un jeune abattu de sang-froid par des policiers. Plusieurs milliers de personnes ont assisté à ses obsèques, dans une ville aux devantures fermées en solidarité. Même a posteriori, Netanhyahou n'a émis aucune critique. Au contraire, il a menacé d'agir « contre les lanceurs de pierres, contre ceux bloquant les artères routières et ceux appelant à l'établissement d'un État palestinien à la place de l'État d'Israël. Je vais demander au ministre de l'Intérieur d'envisager la destitution de la nationalité pour ceux appelant à la destruction de l'État d'Israël. »
Alors que la mobilisation nocturne des jeunes des quartiers arabes de Jérusalem se renforce, Netanyahou a réitéré les déclarations provocantes envers « tous ceux qui manifestent contre Israël et en faveur d'un État palestinien : je vous invite à y déménager. Nous ne vous causerons aucune difficulté. » La surenchère du politicien de droite qu'il est, vis-à-vis de l'extrême droite avec laquelle il gouverne, est transparente, à quelques semaines des primaires au sein de son parti, le Likoud. Mais le durcissement ostensible de son attitude comporte des risques, et pas seulement celui de voir démissionner son collègue centriste Amir Peretz. Un quotidien de droite a publié un sondage montrant que 81 % des lecteurs interrogés désapprouvaient l'action de son gouvernement.
C'est pourtant cette action et, sur le fond, l'agression majeure que représente la colonisation croissante, continue, agressive, des zones où vit la population arabe, qui nourrissent la colère explosive de la jeunesse palestinienne. Sur un ensemble de moins de 12 millions d'habitants, les Arabes israéliens et palestiniens sont 5,5 millions : ils ne peuvent accepter de voir leurs droits élémentaires ainsi bafoués depuis des décennies, sous le regard complice et au mieux indifférent des grandes puissances, qui appuient le pouvoir israélien. Quant à la population juive, elle y a aussi évidemment intérêt, comme le manifeste une partie de l'opinion, fatiguée de l'état de guerre permanent.