Pour que Marine Le Pen ait ses chances, les voix traditionnelles de l'extrême droite n'y suffiront pas. D'où ses appels au peuple, à « nos » ouvriers, « nos » agriculteurs, « livrés à une concurrence sauvage qui a faussé les règles du jeu ». Cependant, la concurrence « libre », elle est pour, de même que la « libre entreprise ». Autant dire que, si elle parvenait à la présidence, Marine Le Pen ne serait pas moins soumise au grand patronat que Sarkozy ou Hollande.

Le FN est prêt à s'en prendre à tout le monde, sauf aux grands capitalistes et aux banques responsables de la crise. Quand Le Pen feint de s'indigner du chômage, c'est pour s'en prendre aux travailleurs immigrés et aux pays à bas salaires. La catastrophe sociale n'est pas due au capitalisme, mais à la « mondialisation » et à l'Union européenne qualifiée « d'auberge grande ouverte accueillant, via une immigration massive, toute la misère du monde » ! La gauche ayant repris une partie de ses thèmes xénophobes et antipauvres, Le Pen peut, elle aussi, reprendre une partie de son langage, tout en continuant à dire, sur le fond, les mêmes ignominies que son père, ancien parachutiste associé aux pires horreurs de la guerre d'Algérie et fondateur du Front national.

Ainsi, si des personnes âgées « regardent ébahies la liste des médicaments qui ne seront pas remboursés », ce serait la faute des ... « clandestins » pris en charge à 100 % dans « nos » hôpitaux ! On pourrait rire d'une telle stupidité. Cependant, à l'intérieur ou sur les franges du Front national, il n'est pas difficile d'imaginer des personnes en bonne santé, mais au cerveau infesté d'idées xénophobes et racistes, prêtes le moment venu à s'en prendre physiquement aux travailleurs immigrés, comme c'est déjà le cas en Hongrie ou en Grèce.

Il est vrai que le Front national, déjà en campagne électorale, demande à ses adhérents de « rassurer », de ne « provoquer aucun trouble », car toute leur action doit consister à « rassembler » dit la dirigeante du FN. Mais, dans une interview au Parisien, Jean-Marie Le Pen cache moins que sa fille le vrai visage de l'extrême droite, réaffirmant son « opinion » sur les chambres à gaz durant la Deuxième Guerre mondiale, qu'il avait qualifiées de « point de détail de l'histoire ». Il ne désavoue pas non plus la « plaisanterie » qu'il avait faite sur le nom d'un ministre, Michel Durafour : « Durafour crématoire ».

Interrogé sur sa fille, Le Pen père a répondu qu'elle « est du gabarit de Madame Merkel ou de Madame Thatcher », autrement dit qu'elle ferait l'affaire pour mener une politique réactionnaire et antiouvrière. C'est cela qu'au FN on appelle rassurer ?