Sanofi, Quetigny : Une fin d'année pas comme les autres07/01/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/01/2423.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sanofi, Quetigny : Une fin d'année pas comme les autres

La grève des travailleurs de Sanofi à Quetigny, près de Dijon, s'est terminée le vendredi 19 décembre. Pendant sept semaines, face au plan de cession de leur site au sous-traitant pharmaceutique Delpharm, les salariés ont défendu leurs conditions de travail, leurs salaires et leurs emplois.

Le lundi 15 décembre, une assemblée générale décidée par les syndicats CFDT et CGT s'est tenue, pour rendre compte de ce qui s'était passé au comité d'entreprise du vendredi 12 décembre. Ces réunions portaient sur un vote consultatif concernant les questions : « Êtes-vous pour ou contre la cession du site à Delpharm ? » et « Êtes-vous d'accord avec la signature d'un protocole de fin de conflit ? » À l'issue de la réunion, la cession ayant été entérinée, les grévistes en colère ont bloqué toutes les entrées du site parce que les syndicats, ouvertement opposés à la grève, en avaient signé la fin. Mais aussi et surtout parce que, malgré leur détermination, ils n'avaient pu entraîner les autres travailleurs de Sanofi et faire pression pour obtenir plus que ce que la direction avait lâché au cours de la grève.

Et pourtant, au cours de cette journée mouvementée, d'autres travailleurs des sites de production d'Amilly et de Vertolaye sont venus apporter leur soutien, et la plupart d'entre eux ont participé au blocage du site. En rentrant chez eux, les ouvriers venus soutenir leurs camarades de Quetigny ont été menacés, pour certains, d'être mis à pied. Le prétexte invoqué étant qu'ils avaient « contribué au déséquilibre moral et physique du groupe ». Les ouvriers ont répondu « Chiche ? », ce qui a surpris la direction, qui n'a peut-être pas osé appliquer les sanctions parce que le climat, malgré tout, est tendu dans l'ensemble du groupe, et elle le sait mieux que quiconque.

Lors de la dernière journée de la grève, une petite trentaine de grévistes sont montés au site de la Croix-de-Berny, à Antony en banlieue parisienne, où se tenait le comité central d'entreprise (CCE). Les travailleurs de Quetigny tenaient à faire entendre leur colère et à montrer leur détermination en face des plus hautes instances du groupe Sanofi. Pour ce baroud d'honneur, ils ont déployé banderoles et pancartes devant les deux entrées du site. Ils ont également bloqué, pendant un instant, les allées et venues des voitures, distribué des tracts autour d'eux, cherchant à s'adresser aux autres travailleurs de Sanofi, discuté avec les passants de leur situation mais aussi de la situation générale.

D'autres travailleurs étaient là, venus des sites de Vitry-sur-Seine et de Saint-Aubin-les-Elbeuf pour soutenir les grévistes et montrer la solidarité présente sur plusieurs sites du groupe parmi les travailleurs. À midi, lorsque les grévistes ont demandé à pouvoir manger au réfectoire du site avec ceux qui les accompagnaient, des proches et des militants, la direction a tergiversé pendant une heure, pour au final répondre qu'elle n'acceptait que les collaborateurs de Sanofi, c'est-à-dire les employés du groupe. Les travailleurs de Sanofi Quetigny, indignés, ont clamé que c'était « une honte, pour un groupe qui fait des milliards de bénéfices, de refuser le repas à trente personnes ! » Ils ont donc refusé d'aller manger sans leurs proches et ceux qui les accompagnaient et ils ont préféré manger tous ensemble, dehors.

Au final, la direction a cédé une augmentation de la prime de cession, la faisant passer de 5 000 à 20 000 euros brut. Ce n'est pas ce que les travailleurs réclamaient : à juste titre parce que, lorsque Sanofi aura dégagé ses responsabilités de cet accord commercial, que restera-t-il de ces 20 000 euros ? Cependant, c'est une réelle avancée et les grévistes de Sanofi, Quetigny l'ont gagnée de haute lutte.

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