Sharpeville, 1960 : une étape de la lutte contre l’apartheid08/04/20152015Journal/medias/journalarticle/images/2015/04/sharpville-massacre.jpg.420x236_q85_box-0%2C20%2C500%2C301_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sharpeville, 1960 : une étape de la lutte contre l’apartheid

Le 21 mars 1960 en Afrique du Sud, une foule pacifique de 5 000 Noirs manifestaient devant un poste de police contre le système des « pass » à Sharpeville, dans la région de Johannesburg. La police tira, tuant 67 personnes et en blessant des centaines d’autres.

Illustration - une étape de la lutte contre l’apartheid

Pour les Noirs, le pass symbolisait l’oppression raciste de l’apartheid. Ce passeport intérieur, qu’ils devaient présenter à toute occasion, recensait dans le détail toute leur vie, en particulier leurs adresses et leurs emplois. Il devait être régulièrement visé par la police et l’employeur. Toute infraction était sévèrement punie et entraînait la déportation dans la réserve ethnique (homeland) à laquelle chaque Noir était censé appartenir, même s’il n’y avait jamais mis les pieds.

Contre ce système, les organisations noires préconisaient la désobéissance civile pacifique : se présenter en foule, sans pass, aux postes de police pour se faire arrêter. L’ANC (African National Congress) avait inauguré cette tactique, imitée de celle de Gandhi en Inde, qui permettait de mobiliser les masses sans s’affronter directement au régime. Le PAC (Pan-African Congress, issu de l’ANC) reprit cette tactique en 1960, et des milliers de manifestants répondirent à son appel. Mais, après quelques centaines d’arrestations, le régime se mit à répondre par des balles.

Le massacre de Sharpeville déclencha dans tout le pays grèves et marches de protestation. Les organisations noires les encadrèrent, faisant tout pour maintenir leur caractère non-violent, et appelèrent les Noirs à faire grève en restant dans leurs banlieues réservées, les townships. Le régime décréta l’état d’urgence, multiplia les perquisitions et les arrestations. Il mit cinq mois à briser le mouvement, au prix de centaines de morts. Comme toutes les organisations anti-apartheid, l’ANC et le PAC furent interdits. Réduits à la clandestinité, ils passèrent de la non-violence à la lutte armée, créant des « branches armées » et organisant des actions terroristes symboliques. C’était encore se méfier de l’action autonome des masses, transformées en spectatrices des actions des guérilleros.

La répression donna au régime une dizaine d’années de répit, même si elle provoqua aussi une large réprobation dans l’opinion internationale. Certains investisseurs étrangers quittèrent même le pays, considéré comme peu sûr. En 1966, l’ONU fit du 21 mars, date anniversaire du massacre de Sharpeville, une journée internationale contre le racisme.

À partir des années 1970, les luttes ouvrières et les révoltes contre l’apartheid n’allaient plus cesser, avec en particulier la révolte de Soweto en 1976. Mais il fallut attendre 1994 pour voir la fin de ce régime de racisme institutionnalisé.

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