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Dans les entreprises
PSA Peugeot-Citroën : sous-traiter pour exploiter davantage
Carlos Tavares, le PDG de PSA, a choisi d’accentuer la politique d’externalisation des activités, car la sous-traitance est avantageuse pour les patrons à plus d’un titre, en particulier sur le plan financier. De plus, différencier les conditions et les droits des travailleurs peut contribuer à les diviser.
Récemment, les services de gardiennage de toutes les usines du groupe ont été vendus à l’entreprise de sécurité Securitas. Dans un premier temps, la direction s’était engagée à ne remplacer les travailleurs sous contrat PSA par des travailleurs sous contrat Sécuritas qu’au fil des départs volontaires. Mais visiblement, cela n’allait pas assez vite à son goût. Elle vient donc de renier son engagement en imposant aux travailleurs encore PSA – des centaines de gardiens et de pompiers concernés – soit le retour à la chaîne, soit l’intégration à Sécuritas.
La direction a aussi annoncé la vente du service informatique de dépannage local, qu’elle a vidé à coups de départs volontaires ou de préretraites non remplacées. Il ne reste que 64 salariés sur tout le groupe dans ce service qu’elle vend à Preservia, filiale du groupe Manpower. Les informaticiens doivent choisir avant le 1er octobre prochain de suivre ou de partir.
Le 15 juin dernier, la direction a annoncé son intention de vendre l’activité des expéditions des véhicules neufs (EVN). Le travail consiste à préparer les véhicules sortant des chaînes et à les monter sur les camions ou les trains pour qu’ils soient expédiés. L’activité est vendue à Gefco, ancienne filiale à 100 % de PSA vendue à RZD (chemins de fer russes). Pour les 450 travailleurs concernés répartis entre Sochaux, Mulhouse, Poissy et Rennes, la direction annonce qu’ils seraient mis à disposition de Gefco « jusqu’à nouvel ordre », prêtés en quelque sorte. Pourquoi ? Pour la bonne raison que Gefco procède à un plan de licenciements et que légalement, le patron de Gefco ne peut à la fois licencier 530 travailleurs d’un côté et en « acheter » 450 de l’autre.
Cette situation fait beaucoup discuter non seulement les travailleurs d’EVN mais même au-delà. Un certain nombre, y compris des chefs, disent refuser de signer le prêt en ayant conscience que ce serait mettre un doigt dans l’engrenage de la vente. Ils craignent et refusent avec raison de perdre leur peu d’avantages existant dans la convention de la métallurgie par rapport à celle du transport.
Sur tous les sites, cette annonce a été ressentie comme une attaque. À l’usine de Poissy en particulier, les travailleurs semblent déterminés à résister. Nombre d’entre eux sont des travailleurs handicapés, victimes du travail à la chaîne. La direction s’en sert comme moyen de chantage : soit ils acceptent le prêt, soit ils doivent retourner à la chaîne. La CGT a lancé une pétition identique dans les secteurs EVN des quatre usines concernées pour refuser la vente de l’activité à Gefco, signée plus ou moins facilement selon les usines. L’idée qu’il va falloir se battre pour ne rien perdre malgré l’attaque de la direction fait peu à peu son chemin.
Découper les usines en morceaux pour en vendre certains a toujours plus ou moins existé en fonction des périodes. Tavares ne fait qu’accélérer le processus. À court terme, la direction peut être gagnante en imposant de nouvelles baisses de salaires, en rognant les droits et en supprimant plus d’emplois, mais elle ne peut changer la réalité. Quel que soit le bleu de travail porté par les salariés, pour sortir ses voitures elle aura toujours besoin des travailleurs, sous contrat PSA ou pas. Par-delà les divisions administratives, les travailleurs ont les mêmes intérêts face à leurs patrons, une idée à défendre inlassablement contre vents et marées.