Crise agricole : les éleveurs soumis au chantage des industriels12/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2454.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Crise agricole : les éleveurs soumis au chantage des industriels

Lundi 10 août, le groupe Bigard-Socopa, numéro un de l’abattage et de la découpe de viande en France, et la Cooperl, numéro un dans le porc, ont boycotté le marché de Plérin dans les Côtes-d’Armor, où est fixé le prix de référence de la vente du porc, rendant impossible toute cotation et entraînant sa fermeture. Ces deux industriels refusent d’acheter le kilo de porc à 1,40 euro, prix auquel le gouvernement s’était engagé après les récentes mobilisations des éleveurs.

Pourtant Le Foll, le ministre de l’Agriculture, s’était vanté en juin d’avoir obtenu un accord des groupes de l’agro-alimentaire pour relever le prix pour la viande et pour le lait. En réalité, les industriels n’ont à aucun moment accepté le moindre accord, prétendent-ils, démentant les propos de Le Foll. Qui ment dans cette affaire ? Ça n’a guère d’importance. En tout cas, ces grands industriels tiennent à montrer que ce sont eux qui décident.

Début août, les dirigeants du groupe laitier Savencia, anciennement Bongrain, écrivaient à leurs cadres qu’ils ne se sentaient pas tenus par les accords annoncés par le gouvernement. À leur suite, ce sont les industriels de l’abattage qui font de même.

Des groupes comme Bigard ou Cooperl, qui font respectivement plus de 4 milliards et 2 milliards de chiffre d’affaires, comme tous les autres patrons, quel que soit le secteur, mettent en avant les mêmes arguments, évoquant la concurrence étrangère, etc. En réalité, ils veulent pouvoir maximiser leurs profits en payant aux agriculteurs et aux éleveurs les prix les plus bas.

On voit là que la réponse du gouvernement à la crise à laquelle sont confrontés les producteurs de viande, et avant tout les petits éleveurs, a été de la poudre aux yeux destinée à arrêter leur mobilisation. Le gouvernement se refuse à imposer quoi que ce soit aux capitalistes de l’abattage, de la transformation de la viande et de la grande distribution. Il prétend être impuissant, ne pas disposer des moyens. Mensonge ! Quand il s’agit de baisser les retraites des salariés, d’imposer le travail du dimanche, il sait trouver les moyens, sans hésitation. Non, ce n’est pas de l’impuissance de sa part, c’est de la complicité !

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