Tarnac : tout ça pour ça !12/08/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/08/2454.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Tarnac : tout ça pour ça !

L’affaire de Tarnac, qui devait être en 2008 le premier gros coup de la toute nouvelle Direction centrale des renseignements intérieurs (DCRI), se dégonfle comme une baudruche. Sept ans après, une juge d’instruction n’a pas retenu la qualification de terrorisme contre Julien Coupat et les autres prévenus de Tarnac, maintenant les poursuites pour association de malfaiteurs et dégradations. Cette décision confirme que cette affaire n’était qu’une vaste opération de communication se fondant sur un dossier vide.

À l’époque, les moyens n’ont pas manqué à la police et au parquet antiterroriste pour traquer ces dix jeunes gens présentés comme un dangereux groupe d’anarchistes. Pour les arrêter, il avait fallu pas moins de 150 policiers cagoulés, qui avaient pris d’assaut le petit village paisible de Tarnac, et ce après avoir mis en place illégalement des écoutes téléphoniques, avoir suivi les suspects avec des stratagèmes dignes des films d’espionnage. Finalement, le seul acte terroriste que les policiers ont pu découvrir serait la pose d’un crochet sur une caténaire, ce que Coupat et sa compagne ont toujours nié.

Ce déploiement de forces policières n’a même pas permis d’établir que Coupat et sa compagne étaient coupables de cet acte. Ils ont été arrêtés, placés en détention, pendant six mois pour Coupat, sans l’ombre d’une preuve. Leurs proches ont été harcelés par la justice. Le dossier étant vide, les policiers ont fabriqué des preuves, faisant pression sur un témoin, qui s’est dédit par la suite, pour affirmer que le groupe projetait « de renverser l’État ». Les avocats de la défense accusent également les policiers d’avoir rédigé un faux procès-verbal de filature.

Pourquoi un tel acharnement ? En 2008, la ministre de l’Intérieur Alliot-Marie tout comme Sarkozy ont monté de toutes pièces une affaire de terrorisme d’extrême gauche pour justifier leur politique sécuritaire et, accessoirement, faire oublier leurs attaques contre les salariés. Ce n’est ni nouveau ni original, le gouvernement socialiste en 1982 avait également mis en scène une affaire de terrorisme contre des Irlandais, la police ayant caché elle-même des armes pour mieux accuser les prévenus. Surfer sur la peur du terrorisme, comme le gouvernement actuel le fait aujourd’hui, permet au pouvoir de renforcer les moyens de la police, de justifier les écoutes et la surveillance de tous, comme le permet la nouvelle loi sur le renseignement. Hollande, pendant sa campagne présidentielle en 2012, avait promis de lever le secret-défense et de donner tous les moyens à la défense de faire la lumière sur cette affaire. Non seulement on attend toujours, mais de plus le parquet, c’est-à-dire en fait le pouvoir, a annoncé qu’il faisait appel contre la dernière décision de justice qui remettait timidement en cause toute la procédure.

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