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Retraites : un décret ne remplace pas les embauches
Le gouvernement a publié jeudi 20 août un décret pour garantir aux retraités le versement de leur retraite sans retard, à condition qu’ils aient déposé leur dossier quatre mois avant la date prévue de leur départ.
Ce texte est censé répondre à la situation, parfois dramatique, de milliers de retraités qui ont attendu le versement de leur première pension plusieurs mois après avoir cessé leur activité. À l’origine de ce scandale, le retard dans le traitement des dossiers par les caisses de retraite, en particulier dans certaines régions comme le Nord-Picardie ou le Languedoc-Roussillon, à cause de l’arrivée à l’âge de la retraite des générations importantes du baby-boom, mais aussi du manque de personnel. En effet, pour faire des économies, la majorité des agents partant en retraite n’ont pas été remplacés.
Après des mois d’inaction, en février 2015, le gouvernement avait annoncé des mesures d’urgence : les caisses de retraite ont été fermées au public plusieurs jours par semaine pour se consacrer au traitement des dossiers, des caisses de retraite de régions moins engagées ont été appelées à la rescousse, et quelques employés supplémentaires ont été embauchés en CDD.
Marisol Touraine se réjouit aujourd’hui du fait que le retard accumulé aurait été pratiquement résorbé, ce qui serait la moindre des choses. Et elle prétend que ce décret permettra à l’avenir d’éviter les retards de paiement. En effet la pension serait versée à la date prévue, même si le travail sur le dossier n’est pas terminé et si le calcul de la pension n’est qu’une estimation provisoire, qui serait vérifiée et corrigée par la suite.
« Nous sommes sceptiques. Il faut quand même la faire, cette évaluation, et ça nous fait travailler deux fois sur le dossier. En octobre, avec la recrudescence de demandes, si on n’embauche pas, ça va recommencer, il ne faut pas rêver », conteste Pamela Gourriez, déléguée syndicale CGT.
La ministre a utilisé l’expression de « droit opposable » à la retraite. Mais, comme le droit opposable au logement mis en place par la loi DALO en 2007, le décret ne peut pas en lui-même régler le problème. Sans l’embauche du personnel nécessaire, les futurs retraités risquent d’attendre encore bien longtemps leurs pensions.