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- Lutte ouvrière n°2462
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Leur société
Prothèses auditives : des profits dans le creux des oreilles
Ceux qui ont eu recours à des prothèses auditives le savent bien, ces petits appareils sont hors de prix. Cela fait des dizaines d’années que cela dure et il y a déjà eu de nombreuses protestations de diverses associations, de la Cour des comptes, etc. Dans son dernier numéro, la revue Que Choisir ? fait à nouveau le procès de ceux qui pratiquent ces tarifs exorbitants.
Il y a en France environ six millions de malentendants ou de sourds. Environ un à deux millions seulement sont équipés de ces appareils auditifs, parce qu’ils sont beaucoup trop chers. Il faut compter au minimum 1 000 euros par oreille (souvent bien davantage), alors que dans la plupart des cas il faut équiper les deux oreilles. Deux à trois mille euros donc à dépenser, le plus souvent par des personnes âgées retraitées, c’est généralement hors de portée. Et donc les sourds restent avec leur lourd handicap.
Selon Que Choisir ?, le prix de revient officiel moyen des ces appareils irait de 300 à 600 euros. Il s’agit du prix déclaré, mais en novembre 2013 le journal Le Parisien écrivait que « leur fabrication en Chine revient à environ 50 euros ». Autant dire que les fabricants s’en mettent plein les poches et que les prothésistes font largement la culbute dans la revente de ces prothèses. Ils tentent de se justifier en disant qu’ils assurent le suivi et l’entretien des appareils, ce qui est généralement vrai, mais représente peu de chose.
Selon un regroupement d’associations françaises, « en Angleterre, un marché public a lancé des appels publics auprès de fabricants et ils ont réussi à obtenir des prothèses auditives facturées entre 50 et 100 euros. Là-bas, le secteur public équipe les malentendants et ils arrivent à les appareiller pour 450 euros ».
En France, la Sécurité sociale rembourse très peu ces prothèses, environ 120 euros, et les mutuelles pas beaucoup non plus, de l’ordre de 330 euros. Ces faibles remboursements, comme pour les appareils dentaires et pour les lunettes, constituent un vrai scandale. En fait, l’État laisse faire les profiteurs, mais ne veut pas payer lui-même les dépassements, qui retombent donc sur les patients sourds ou malentendants.
Une petite minorité s’en met plein les poches, les autorités sont complices, et les sourds le restent.