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- Lutte ouvrière n°2463
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Leur société
Réforme des collèges : des économies bien mal enrobées
L’opposition à la réforme des collèges imposée par la ministre de l’Éducation nationale a rassemblé le 10 octobre à Paris une dizaine de milliers de manifestants, enseignants et parents d’élèves. Trois journées de grève ont déjà eu lieu ces derniers mois dans les établissements scolaires, dont une le 19 mai, immédiatement suivie, en guise de réponse, de la publication par Najat Vallaud-Belkacem du décret instaurant la réforme contestée pour la rentrée scolaire 2016 !
Pour autant qu’enseignants et parents puissent comprendre les modifications introduites, les collégiens pourraient perdre, sur quatre ans d’études, environ deux cents heures de mathématiques et sciences, 90 heures de français et histoire-géographie, et, la plupart du temps, l’opportunité de faire du latin et du grec autrement que sous forme d’un « module langue et culture de l’Antiquité ». Ce rabotage aurait pour but de dégager des heures d’EPI, les enseignements pratiques interdisciplinaires en groupe restreint, faisant intervenir éventuellement plusieurs professeurs, et portant sur des thèmes tels que « développement durable » ou « langues et cultures étrangères ou régionales ».
Si ces prétendues nouveautés – car en fait, les enseignants n’ont pas attendu des consignes ministérielles pour multiplier ce type de séance – sont dénoncées, c’est surtout parce que, comme toujours, elles dissimulent sous des prétextes pédagogiques des réductions d’horaires de cours, et donc de moyens. Il en est de même pour un autre volet de la réforme donnant à chaque établissement, donc à son chef, la possibilité de déterminer 20 % de son emploi du temps, ce qui se pratique déjà dans une moindre mesure. Il revient à ce principal de gérer la misère de la DHG, la dotation horaire globale de chaque collège, qui sera annoncée en janvier prochain. Au passage, peut se loger évidemment toute sorte d’arbitraire, concernant la matière comme le professeur… Dans tous les cas, sous prétexte d’égalité des chances, les langues anciennes comme les classes bi-langues où l’on apprenait deux langues dès la sixième passent à la trappe et deviennent de simples EPI facultatifs.
À défaut d’égalité des chances, notion qui impliquerait d’être dans une autre société, la première véritable réforme serait de réduire réellement les effectifs d’élèves par classe, actuellement à 25 en moyenne dans les collèges. Cela seul permettrait de mettre en place, en petits groupes, des enseignements variés, inventifs, pluridisciplinaires, comme de remettre à niveau les collégiens en difficulté. Mais loin d’aller dans ce sens, le gouvernement, qui prétend inverser la politique de son prédécesseur avec ses 80 000 suppressions de postes dans l’Éducation, ne crée de postes qu’au compte-gouttes et développe les emplois précaires. Pour couronner le tout, des formations sont proposées aux enseignants… hors temps de travail !
En choisissant de privilégier une fois de plus les économies budgétaires, Hollande, Valls et Najat Vallaud-Belkacem se disqualifient d’emblée auprès de ceux, parents comme enseignants, qui sont attaqués soit en tant que salariés, soit en tant que destinataires du service public d’éducation.