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Etats-Unis : Empoisonnement au plomb à Flint
Les quelque 120 000 habitants de la ville de Flint, dans le Michigan, sont à nouveau alimentés en eau potable sans plomb après avoir été reconnectés au réseau de distribution d’eau de Detroit. Il y a un an et demi, en avril 2014, le gestionnaire financier, désigné par le gouverneur du Michigan qui avait mis la ville en tutelle, avait décidé de cesser d’utiliser l’eau fournie par Detroit, sous prétexte d’économiser 1,5 million de dollars par mois. L’eau avait donc été puisée dans la rivière Flint pour alimenter la ville, avec l’approbation du gouverneur et des autorités concernées.
Or, marquée par des dizaines d’années de pollution industrielle, l’eau de cette rivière est 19 fois plus corrosive que l’eau de Detroit ! Acheminée dans de très vieilles canalisations en plomb, elle se charge de ce métal au passage, exposant les habitants et en particulier les enfants à des lésions irréversibles.
Les problèmes ont surgi très rapidement. Des bactéries E.coli ont été trouvées lors de tests. Les désinfectants utilisés engendrèrent à leur tour une pollution cancérigène qu’il fallut traiter. Finalement trop de produits désinfectants ont été déversés dans l’eau.
Les ouvriers de l’usine de moteurs de General Motors constatèrent aussi que les pièces nouvellement usinées présentaient des taches de rouille. Après avoir tenté de régler le problème, General Motors a déconnecté son usine de moteurs de ce réseau, en décembre 2014.
En janvier 2015, c’est l’université, Wayne State University, qui dénonçait un taux élevé de plomb dans l’eau et équipait de filtres un certain nombre de fontaines et fermait les autres.
Pendant des mois, les habitants ont protesté. Ils se sont massivement invités à des séances du conseil municipal, ont organisé des manifestations contre la mauvaise qualité de l’eau. En vain. Des médecins ont constaté une élévation importante du taux de plomb dans le sang des élèves des écoles primaires, mais les autorités ont contesté les tests, certains experts ayant affirmé que les tests, « c’était en partie de la science et en partie de l’art ». Elles ont donc continué à affirmer que l’eau était saine, jusqu’à ce que le scandale devienne public et national et que le médecin qui s’était battu pour les alerter ait rendu publiques les conclusions de ses tests et de ses recherches. Début octobre, le gouverneur était obligé de reconnaître « les erreurs » de toutes les autorités, de la ville comme de l’État, censées assurer aux habitants une eau potable saine, à commencer par sa propre responsabilité.
Douze millions de dollars ont alors été rapidement trouvés pour payer le retour de Flint dans le réseau de Detroit. Une enquête est maintenant en cours, un peu tard pour les enfants qui ont été contaminés ! Mais le laisser-aller est tel en ce qui concerne les services publics que le réseau de canalisations de bien des villes est dans le même état que celui de Flint et représente un danger d’autant plus réel que les tests de qualité de l’eau ne sont pas pratiqués régulièrement.
Incurie et incompétence s’ajoutent à la volonté de faire des économies sur le dos de la population au point qu’on estime qu’un demi-million d’enfants de un à cinq ans ont un taux de plomb dans le sang supérieur au niveau d’alerte. En matière d’infrastructures et de santé publique, la première puissance capitaliste du monde ressemble de plus en plus à un pays sous-développé.