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Leur société
Notre-Dame-des-Landes : la mobilisation continue
La mobilisation contre le projet d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, à 20 km au nord de Nantes, reprend de l’ampleur. Elle a débuté en 2012, lorsque François Hollande, à la veille de la présidentielle, a annoncé que les travaux ne pourraient commencer qu’après l’épuisement des recours en justice déposés par les opposants.
À l’époque, un certain nombre de paysans et de militants écologistes contestaient ce projet au nom de la défense de la nature, mais mettaient aussi en avant, et à juste titre, l’argument qu’il était inutile (l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique au sud de Nantes pouvant être agrandi) et surtout très coûteux.
Ces trois ans de sursis ont été mis à profit par les opposants au nouvel aéroport. En plus des onze familles qui ne veulent pas quitter leur maison et des quatre exploitants agricoles qui continuent leurs activités sur le terrain, plusieurs centaines de personnes se sont installées sur l’espace du futur aéroport, vivant là en communauté alternative sur ce qu’elles appellent la ZAD (zone à défendre).
Mais, depuis janvier, la fin du délai des recours en justice et surtout le fait que Vinci, constructeur du futur aéroport, demande l’expulsion immédiate des onze familles dites « historiques » et des quatre fermes encore en exploitation, sous peine d’astreinte de 200 à 1 000 euros par jour, ont fait monter la température. Cette demande d’expulsion est appuyée par Manuel Valls qui dit que « l’autorité de l’État doit pouvoir s’exercer là comme ailleurs ».
Le Premier ministre défend le projet du nouvel aéroport, de concert avec de nombreux élus PS, l’ex-président de région des Pays-de-la-Loire, le président du département, la maire de Nantes et maintenant Retailleau, le nouveau président Les Républicains de la région. À peine élu, ce dernier a aussitôt demandé à Valls l’évacuation de la ZAD, qui serait pour lui une priorité.
De leur côté, et devant la menace, les antiaéroports regroupés en deux collectifs, mettent la pression par des mobilisations quasiment quotidiennes depuis le dimanche 10 janvier. Ce jour-là, 15 000 manifestants ont occupé une partie du périphérique nantais, au pied du pont de Cheviré, pour réclamer l’abandon des expulsions et le retrait du projet. Forts de ce succès, ils ont poursuivi la mobilisation le jour suivant avec l’organisation de plusieurs opérations escargot sur le périphérique et les quatre-voies Nantes-Saint-Nazaire et Nantes-Rennes.
Le mercredi, il y eut un nouvel appel à la mobilisation, cette fois devant le tribunal de Nantes, où un juge devait se prononcer sur l’expulsion des derniers occupants « historiques » de Notre-Dame-des-Landes. Un bon millier de personnes étaient présentes pour attendre le jugement, qui sera rendu le 25 janvier. Le dimanche 17 janvier, c’est à Rennes que les antiaéroports se sont déplacés à quelques milliers.
La mobilisation continue donc, et ce que veulent maintenant les opposants au projet, c’est une prise de décision claire du gouvernement et de Hollande. Ce dernier a pourtant déjà affirmé, lors de sa venue à Saint-Nazaire en octobre, son choix en faveur de l’aéroport, mais c’était avant le grand cinéma de la COP 21 ! En croyant que Hollande sera un arbitre impartial entre pro et antiaéroports, les opposants vont au-devant de bien des désillusions.