Allemagne : mépris des femmes et des migrants, deux faces d’une même médaille27/01/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/01/2478.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : mépris des femmes et des migrants, deux faces d’une même médaille

En Allemagne, mais aussi en Autriche et en Suisse, les agressions sexuelles contre des femmes pendant la nuit du Nouvel An ont marqué l’opinion publique. Rien qu’à Cologne, 834 femmes ont porté plainte pour des agressions, dont 403 à caractère sexuel. Perpétrées principalement par une petite minorité de migrants, ces violences contre des femmes ont déchaîné un flot de propos et d’actes racistes de la part de l’extrême droite, mais aussi une mise en cause générale des réfugiés par la presse à grand tirage. Mais elles ont aussi choqué bien des gens qui avaient accueilli les migrants avec sympathie, et entraîné bien des discussions et des interrogations. Tout cela au moment où les gouvernements allemand et autrichien, qui avaient plus largement que d’autres accueilli les migrants depuis l’été dernier, sont en train de refermer leurs frontières. Sur ces événements, voilà comment s’expriment nos camarades du Bund Revolutionärer Arbeiter (Ligue des travailleurs révolutionnaires – UCI) d’Allemagne dans un éditorial paru mi-janvier.

Les abominables agressions sexuelles de Cologne, perpétrées par des groupes de jeunes hommes, ont été l’expression d’un mépris envers les femmes tel que beaucoup ne le connaissaient pas, sous cette forme et avec une telle agressivité. Beaucoup, et aussi beaucoup de réfugiés, ont été à juste titre profondément choqués.

Un mépris enraciné aussi en Allemagne

Considérer les femmes comme des êtres inférieurs, auxquels il est permis de s’en prendre, c’est exactement comme le racisme, considérer une partie de l’humanité comme des êtres de seconde classe. Et c’est une des formes les plus anciennes de ce mépris qui est profondément enracinée, et ici aussi en Allemagne.

Ceux qui prétendent aujourd’hui que le mépris et la violence contre les femmes seraient exclusivement un problème « arabe » et qu’il suffirait de fermer les frontières pour s’en protéger, sont des menteurs. Et de plus, ce sont exactement les mêmes forces contre lesquelles les femmes ont dû combattre ici pour conquérir leurs droits.

Oui, ce sont justement la CSU et l’Alliance pour l’Allemagne – qui préféreraient voir chaque femme avec trois enfants et derrière ses fourneaux – qui tout d’un coup se sont déclarées les pionnières du combat pour l’égalité des droits. Ce sont les motards dont les clubs enlèvent des milliers de jeunes filles de l’Est, pour les contraindre à la prostitution, qui créent aujourd’hui avec des petites frappes d’extrême droite des groupes de vigilance pour le respect et la non-violence envers les femmes. Ces forces qui sont les dernières à s’intéresser aux droits des femmes utilisent cyniquement les victimes de Cologne comme prétexte pour leur politique tout aussi méprisante.

Mais à la CDU et au SPD aussi il y a une sacrée dose d’hypocrisie. Le renforcement de la législation pénale pour les crimes sexuels, que la CDU veut désormais introduire pour apprendre aux étrangers « le respect des femmes et de leur libre-arbitre sexuel », avait été rejeté il y a à peine quelques mois par la CDU et le SPD, au moment où il n’était question avant tout que des hommes… allemands. La CDU était encore jusqu’en 1997 favorable à la loi selon laquelle un homme pouvait violer son épouse sans être sanctionné… au nom de la protection du mariage et de la famille. En fait, la famille est l’endroit où les femmes font le plus l’expérience de la violence masculine. Une femme allemande sur trois l’a déjà vécue. (…)

Contre toutes les barbaries

Il est cependant malheureusement vrai que, avec la crise du capitalisme partout – en Europe comme au Proche-Orient ou en Afrique – les tendances réactionnaires deviennent plus fortes. L’idéologie de ces forces politiques repose sur les instincts les plus bas, sur l’humiliation et la persécution d’autres groupes de la population : les migrants, ceux qui pensent autrement, et aussi les femmes. Cette évolution est une catastrophe pour tous. Mais pour s’y opposer, on ne peut pas compter sur ceux qui sont au pouvoir.

(…) La politique d’asile d’aujourd’hui favorise plutôt la criminalité : les réfugiés vivent six mois ou un an dans des campements et n’ont le droit de ne rien faire, ni de travailler, ni même de suivre des cours d’allemand… parce qu’ils doivent attendre que leur demande d’asile soit examinée. Des centaines de jeunes hommes sont ainsi entassés dans chaque camp, sans rien pouvoir faire, si ce n’est traîner, s’ennuyer, boire… Cela ne peut être qu’un terrain propice à la frustration et à la criminalité.

(…) Il est d’autant plus important dans la situation actuelle que, dans les entreprises et dans les quartiers populaires, des travailleurs se manifestent pour que tous, hommes ou femmes, migrants ou Allemands, réagissent de façon égalitaire et solidaire. (…)

Partager