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- Lutte ouvrière n°2479
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Leur société
Procès Jacqueline Sauvage : une émotion légitime
Face à la mobilisation d’une partie de la population et à la pétition qui a réuni plus de 400 000 signatures, Hollande a finalement accordé une remise de peine à Jacqueline Sauvage.
Cette femme âgée de 68 ans avait été condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari, qu’elle avait abattu de trois coups de fusil après quarante-sept ans de violences conjugales. Deux de ses filles avaient subi des violences sexuelles de la part de leur père ; quant au fils, également roué de coups, il s’est suicidé la veille du meurtre.
Les juges, pour justifier leur condamnation, ont reproché à cette femme de n’avoir pas porté plainte et de ne pas avoir protégé ses filles. C’est faire bien peu de cas de ce que vivent les femmes battues. En 2014, 134 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint violent, soit une femme tous les trois jours. 223 000 ont été victimes de violences physiques ou sexuelles, et 14 % seulement d’entre elles ont porté plainte. L’une des causes, qui n’est pas la moindre, est le regard que les policiers comme les juges portent sur ces femmes battues. Combien d’entre elles poussent encore la porte du commissariat sans être entendues ? Combien reçoivent les propos lénifiants d’une police qui minore les faits ? Sans compter celles dont la police refuse tout bonnement de prendre la plainte !
Les nombreuses personnes qui ont signé la pétition, celles qui ont défilé pour Jacqueline Sauvage, ne se sont pas trompées de combat. Philippe Bilger, magistrat et éditorialiste au Figaro, a fustigé « l’émotion ignorante et la compassion téléguidée ». Lui n’est visiblement pas choqué de voir les statistiques de femmes assassinées. Heureusement, une grande partie de la population a vu, elle, dans la condamnation de Jacqueline Sauvage, une injustice flagrante.