Reprendre confiance dans notre force03/02/20162016Journal/medias/journalarticle/images/2016/02/photo_Une_2015_04_09_Manif_CGT_FO_032.jpg.420x236_q85_box-0%2C32%2C623%2C383_crop_detail.jpg

Editorial

Reprendre confiance dans notre force

Illustration - Reprendre confiance dans notre force

Les chauffeurs de taxis sont à bout. À cause de la concurrence des VTC, les voitures de tourisme avec chauffeur, leurs revenus sont en chute libre. Même en allongeant leur journée de travail, beaucoup n’arrivent plus à payer le crédit de leur voiture et de leur licence. Mais ils s’organisent et se battent pour défendre leurs intérêts.

Il en va de même pour les éleveurs et les producteurs de lait. Ils vendent leurs produits à perte et n’arrivent à se payer un salaire que grâce aux aides de l’Europe et du gouvernement. Mais ils manifestent, ils mettent l’opinion de leur côté et forcent le gouvernement à les entendre.

Et les salariés ? Combien d’ouvriers, d’employés, de techniciens sont, eux aussi, au bout du rouleau ? Combien d’hospitaliers, d’agents territoriaux ? Eux aussi accumulent les heures de travail et la fatigue, et sont condamnés aux salaires de misère. Et que dire de ceux plongés au chômage et réduits à survivre avec les minima sociaux ?

Eh bien, ils doivent, eux aussi, se manifester ! D’abord pour se faire entendre, puis pour réussir à résister aux attaques contre leurs conditions de travail et de vie. Car les salariés subissent, depuis plusieurs années, une offensive systématique du grand patronat. Déjà violentes sous Sarkozy, les attaques ont empiré avec Hollande.

La crise, la concurrence exacerbée et le chômage de masse ont été utilisés comme des moyens de chantage pour restaurer les marges et les profits des entreprises qui n’ont fait qu’enrichir une minorité. Les grandes banques réalisent des milliards de bénéfices annuels. Même des firmes comme PSA, dont on nous a dit qu’elles étaient à deux doigts de la faillite pour justifier des milliers de licenciements, font désormais le bonheur de la Bourse.

Il s’agit d’une politique de classe. Il s’agit d’une guerre de classe que le patronat mène avec l’aide du gouvernement. Mais il la mène d’autant plus facilement qu’il n’y a pas d’opposition frontale avec les travailleurs, car les réactions sont faibles ou isolées. C’est ce qu’il faut changer.

La politique et la vie des travailleurs changeront si le rapport de force entre eux et le patronat change, si les travailleurs se lèvent à nouveau pour leurs intérêts.

Les attaques contre le Code du travail, celle qui se dessine contre les chômeurs, la répression contre les salariés d’Air France ou ceux de Goodyear montrent qu’aujourd’hui le patronat et le gouvernement se sentent tout permis. Il faut leur montrer qu’ils se trompent, en commençant par participer nombreux aux rassemblements organisés jeudi 4 février pour soutenir les anciens salariés de Goodyear condamnés à de la prison ferme.

Il faut faire en sorte que les travailleurs retrouvent l’envie, l’énergie et les moyens de répondre à l’arrogance et aux provocations patronales et gouvernementales. C’est à cet objectif que doivent se consacrer ceux qui ne veulent pas se laisser faire.

D’ici la présidentielle, les manœuvres au PS et à la gauche de la gauche vont se multiplier. Aujourd’hui les frondeurs du PS, les écologistes et le Parti communiste tentent de se mettre d’accord sur l’organisation d’une primaire, dans l’espoir que la gauche puisse se refaire une virginité en se trouvant un candidat autre que Hollande pour 2017.

Mais qu’y a-t-il à attendre de ces anciens ministres devenus frondeurs après avoir cautionné la plupart des mesures antiouvrières de Hollande ?

Se fixer pour objectif de ressusciter une « vraie gauche », comme le souhaitent Mélenchon ou le Parti communiste, est un objectif aussi vague que trompeur.

Faut-il rappeler que Hollande, Valls et Macron se revendiquent toujours de la « gauche » ? Faut-il rappeler que, de Mitterrand à Hollande, tous se sont présentés comme des candidats « vraiment » à gauche et qu’il y a eu tromperie sur la marchandise ?

L’expérience a prouvé que les frontières politiques ne passent pas entre la gauche et la droite. Elles sont déterminées par les intérêts de classe et opposent les travailleurs et les exploités à la poignée de capitalistes qui dominent l’économie.

Au lieu de véhiculer de nouvelles illusions dans des politiciens qui ne méritent pas la confiance des travailleurs, il faut encourager ces derniers à mettre en avant leurs intérêts et leur donner confiance en leurs propres forces.

La crise est à mettre au compte des banquiers et du grand patronat. C’est la faillite d’un système basé sur le monopole du capital et la recherche effrénée du profit.

Les travailleurs, qui portent toute la société sur leurs épaules, n’ont pas à accepter d’être les pions d’un tel système. Ils doivent se battre pour leurs intérêts et pour remettre l’économie sur ses pieds.

Éditorial des bulletins d’entreprise du 1er février 2016

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