Le débat fait rage en Italie autour de l’examen du projet de loi sur l’union civile des couples homosexuels. Tout ce que le pays compte de réactionnaires y va de sa déclaration plus ou moins homophobe, et une manifestation à Rome a regroupé des dizaines de milliers de personnes, curés et bonnes sœurs y faisant des rondes pour sauver la civilisation, et donc la famille, tandis que le pape mettait les religieux de 185 couvents en prière pour « faire entendre raison aux sénateurs ».

Si le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a voulu cette mesure sociétale, qui lui permet de rappeler aux électeurs de gauche qu’il est « démocrate », il a cependant été prudent et n’a pas présenté le projet de loi lui-même. Mais l’évolution la plus spectaculaire est celle de Beppe Grillo, le dirigeant du Mouvement 5 étoiles, qui soutenait le projet d’union civile mais qui revendique désormais pour ses élus la « liberté de conscience » pour se prononcer.

Plus que les effets des prières des nonnes, ce brusque revirement traduit une réalité politique. Car si une partie de l’électorat du Mouvement 5 étoiles vient de la gauche, une autre provient de la droite, contraignant Grillo à n’être « ni pour, ni contre, bien au contraire ». Pour l’ex-comique, qui a construit son succès politique autour de la dénonciation du « système », il s’agit surtout de ne fâcher aucun électeur potentiel, même si certains élus de son mouvement s’indignent de ce qu’ils considèrent comme une trahison. Ce n’est ni la première, ni la dernière des couleuvres qu’ils auront à avaler.