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- Lutte ouvrière n°2485
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Dans les entreprises
SNCF : pour le retrait de la loi travail et du décret-socle, une grève très suivie
La grève du 9 mars a été suivie à la SNCF par plusieurs dizaines de milliers de cheminots.
À Nantes par exemple, la journée a commencé par des piquets de grève dans certains secteurs, comme au contrôle, et a révélé des chiffres de grévistes très importants : 90 % à la conduite, avec un seul TER sur dix. En Bretagne, la grève était aussi très bien suivie, avec 75 % à la conduite, 80 % chez les contrôleurs et 85 % dans les postes. À Limoges, elle concernait 75 % de grévistes tous collèges confondus, plus de 90 % à la conduite, plus de 80 % au contrôle et, plus inhabituel, l’atelier était carrément fermé. À Angers, Saumur et Cholet, le service minimum annoncé n’a même pas pu être tenu.
Les assemblées générales et la participation des grévistes à ces assemblées ont été plus variables. La première raison était que, s’agissant d’une grève d’une journée, il n’y avait pas pour les grévistes l’enjeu de reconduire la grève. Mais cela tenait aussi à l’attitude très variable des militants locaux. On a vu par exemple, à Rennes, la CFDT-FGAAC militer contre toute assemblée générale et toute participation aux manifestations contre la loi El Khomri. Mais on a vu aussi des militants de la CGT, de FO ou encore de Sud, dans différents endroits, refuser d’organiser les assemblées générales interservices ou d’y participer, contrairement à des mouvements précédents. Ainsi, à la gare du Nord, la CGT et FO ont boycotté l’assemblée générale. Mais cela n’a pas empêché une quarantaine de grévistes de se retrouver, d’être rejoints par des grévistes des ateliers du Landy puis, ensemble, de rejoindre l’assemblée générale de gare de l’Est pour un départ commun à la manifestation.
À Nantes, où l’assemblée générale interservices a vu au contraire la participation de tous les syndicats, 400 cheminots étaient présents. Et c’est derrière une banderole « Cheminots, public, privé, avec la jeunesse, c’est tous ensemble qu’on va gagner », confectionnée par des cheminots le matin même, qu’un cortège est parti vers la manifestation. Celle-ci a regroupé 10 000 personnes, et a regonflé les participants.
La raison du succès du 9 mars tient d’abord à l’ampleur de l’attaque de la part du gouvernement et du patronat, public et privé, du ferroviaire. En plus de la loi travail, le gouvernement a publié simultanément un projet de décret socle censé remplacer la réglementation du travail dans la branche ferroviaire. L’ensemble forme une démolition sans précédent des conditions de vie et de travail. Les cheminots et les militants de base ont spontanément fait le lien entre ces deux attaques, et se sont bien souvent convaincus entre collègues de faire grève.
Comme il l’a fait pour la loi travail, le gouvernement a envoyé une nouvelle mouture de son décret socle. La nouvelle version ne vaut pas mieux que la précédente. Plus que jamais, il faut imposer son retrait, comme celui de la loi El Khomri, et refuser en même temps que les autres travailleurs toute attaque contre la réglementation du travail. Il est regrettable que les directions syndicales, y compris la plus influente, la CGT, n’indiquent pas clairement cet objectif. Ainsi, au lendemain du 9 mars, la fédération CGT des cheminots a indiqué aux militants qu’il « fallait travailler à la construction de la journée d’action confédérale du 31 mars 2016, mais aussi les suites envisagées sur les sujets internes ». Elle a demandé de déposer des préavis locaux, portant « notamment sur les revendications locales (cahier revendicatif) » et « de travailler à la construction d’une grande manifestation le mardi 3 mai ». Cet étalement dans le temps ne répond pas aux nécessités de la lutte, tant contre le décret-socle que contre la loi El Khomri. Mais les cheminots ont montré le 9 mars qu’ils étaient prêts à se battre et ils peuvent donner à ces appels un autre contenu.
Seul un mouvement général peut faire reculer gouvernement et patronat. Et les cheminots le savent, au moment où le gouvernement craint, justement, la naissance d’un mouvement d’ensemble public-privé, salariés-étudiants.