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Turquie : attentat suicide à Ankara
Dimanche 13 mars en fin d’après-midi, un attentat-suicide s’est produit en plein centre d’Ankara, où sont localisés de nombreux ministères, l’état-major des armées, le Parlement turc. Une voiture a foncé sur un autobus pour se faire exploser, causant 37 morts, 125 blessés et de nombreux dégâts.
C’est le troisième attentat en cinq mois dans la capitale turque. Un autre du même genre avait eu lieu le 17 février, faisant 29 morts et des dizaines de blessés, et un autre encore le 10 octobre 2015 près de la gare centrale d’Ankara. Il était le fait de deux kamikazes djihadistes qui avaient visé des manifestants de gauche et prokurdes, faisant 103 morts et plus d’une centaine de blessés.
Fait curieux, aussitôt après chacun de ces attentats, la première mesure prise par le gouvernement a été d’interdire toute information sur le sujet. Cette fois-ci, le gouvernement a ordonné la fermeture de l’accès à Facebook et à Tweeter, une étrange façon d’essayer de trouver les coupables. Autre fait curieux, peu de temps après ce dernier attentat, le premier ministre Davutoglu a assuré, bien qu’il n’y ait eu encore aucune revendication ni aucune preuve, que les enquêteurs disposaient d’éléments « très sérieux, quasi certains » impliquant l’organisation « terroriste-séparatiste » du PKK. Et comme à chaque fois, quelques heures après l’attentat, l’aviation turque a bombardé les bases du PKK au Nord de l’Irak tandis que onze personnes, proches du milieu nationaliste kurde, ont été arrêtées.
Pourtant le parti proche des nationalistes kurdes, le HDP, et même le PKK, non seulement n’ont pas revendiqué l’attentat mais ils l’ont au contraire ouvertement condamné. Une organisation mystérieuse « Les faucons de la Liberté du Kurdistan (THK) » qui serait en rupture avec le PKK aurait revendiqué les deux derniers attentats, mais cela ressemble beaucoup à de l’intoxication venant, comme cela s’est déjà produit, de certains secteurs de l’appareil d’État.
Même si on ne peut avoir de certitude sur l’origine de ces attentats et les possibles manipulations de l’État, il est certain que le terrain a été créé par la politique du gouvernement Erdogan. En soutenant les mouvements islamistes intégristes puis en relançant la guerre civile contre la population kurde, en détruisant plusieurs villes, en y tuant des civils et en provoquant la fuite de milliers de personnes, il a fait monter le climat de violence et certainement fait naître de nouvelles vocations terroristes. Pourtant, c’est ce même Erdogan qui a déclaré pendant plusieurs années, et jusqu’en juin 2015, que les Kurdes étaient ses frères et qu’il était partisan d’un « processus de paix » avec les nationalistes kurdes.
La politique de ce gouvernement envers le peuple kurde et envers l’ensemble de la population turque est criminelle. Tout le pays en subit les conséquences.