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Dans le monde
Brésil : grenouillages autour de la présidence
Les jours de Dilma Rousseff à la présidence du Brésil semblent comptés. Ses alliés du parti centriste PMDB l’ont abandonnée. On lui conseille volontiers de démissionner avant d’être destituée.
À défaut d’être un leader charismatique, Dilma Rousseff est une femme de caractère. Elle se bat, jure qu’elle ne démissionnera pas et mobilise ses troupes contre ce qu’elle qualifie de coup d’État institutionnel. Jeudi 31 mars, jour anniversaire du coup d’État militaire de 1964, 150 000 de ses partisans ont une nouvelle fois défilé dans les rues des principales villes, dont 50 000 à Brasilia, devant le Congrès. Surtout, Dilma Rousseff tente de former une nouvelle majorité, en promettant ministères et postes de responsabilité.
La première échéance est le vote mi-avril à la Chambre des députés : si la demande de destitution n’est pas votée par les deux tiers des députés, elle sera automatiquement abandonnée. Chaque camp courtise donc les quelque 35 partis représentés à l’Assemblée, dont la plupart ont pour seul objectif un maximum de postes lucratifs. Le PMDB par exemple, qui vient de passer dans l’opposition, n’est pas gêné de continuer à occuper six ministères.
Cette lutte politique est donc avant tout une mise aux enchères, tout à fait dans le ton de la corruption dont chaque camp accuse l’autre. La justice a saisi une liste de 200 politiciens de tout bord, de juges, de militaires et de diplomates arrosés par l’entreprise de BTP Odebrecht. Cette société est au cœur de l’affaire Karcher, autour de la compagnie pétrolière Petrobras, et son PDG vient d’être condamné à 19 ans de prison. C’est cette affaire, touchant en premier lieu le Parti des travailleurs, parti de la présidente, qui a amené la mise en accusation de Dilma Rousseff pour d’obscures manœuvres comptables dans la présentation du budget. Eh bien, le vote des députés va se jouer à qui offrira le plus, du gouvernement ou de l’opposition !
Personne ne sait qui occupera la présidence et dirigera le gouvernement dans un mois : ce sera Dilma Rousseff, si elle réussit à acheter suffisamment de députés ; ou bien ce sera le vice-président Michel Temer (PMDB), menacé lui aussi car impliqué dans l’affaire Karcher et accusé de financement illégal de campagne électorale ; le président de l’Assemblée Eduardo Cunha (PMDB), troisième sur la liste d’accession à la présidence, menacé de destitution pour corruption, comptes cachés en Suisse, etc. ; ou alors ce sera le vainqueur d’éventuelles élections générales que la Cour suprême pourrait décider pour sortir de l’actuel imbroglio. La seule question est de savoir quel degré de corruption accompagnera la politique de celui ou de celle qui, de toute façon, gouvernera aux ordres de la bourgeoisie, celle du Brésil bien sûr mais aussi celle des grandes puissances.