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Brésil : Cunha, politicien modèle
Jeudi 5 mai, la Cour suprême brésilienne a suspendu de ses fonctions Eduardo Cunha, président de l’Assemblée et organisateur de la campagne pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Il aurait utilisé son poste pour entraver les enquêtes qui le visent dans l’affaire Petrobras.
Il a sur le dos onze autres procès, entre autres pour avoir dissimulé 5 millions de dollars sur des comptes en Suisse. Il est aussi un des politiciens corrompus cités dans les Panama Papers.
Membre du lobby protestant réactionnaire à l’Assemblée, machiste et homophobe, il est représentatif de ces politiciens brésiliens qui naviguent à vue entre les partis et les scandales, à l’affût des postes lucratifs et des pots-de-vin.
Cunha fait ses débuts politiques en 1982, dans le parti de la dictature militaire, le PDS. En 1989, il est au Parti de reconstruction nationale du président Collor, qui le met à la tête de la télévision de l’État de Rio. Accusé d’irrégularités comptables et de surfacturations, il est démis de ce poste en 1993. En 1994, après la démission pour corruption de Collor, Cunha entre au Parti progressiste. Il est impliqué dans le scandale autour de PC Farias, le financier de Collor.
Il se raccroche alors à Garotinho, le gouverneur évangéliste de Rio. En 1999, il préside la Compagnie d’habitation de cet État, mais est démis six mois plus tard pour détournement de fonds. Il dirige alors une radio évangéliste, sur laquelle il anime sans complexe l’émission « Le peuple a droit au respect ».
En 2002, le même Cunha est élu député fédéral pour le parti PMDB, qui regroupe les caciques inamovibles des divers États brésiliens. Enfin, en février 2015, avec l’appui de Dilma Rousseff et du Parti des travailleurs, il est élu président de l’Assemblée, troisième personnage de l’État derrière la présidente et le vice-président. Rattrapé par les affaires, il est lâché par Dilma Rousseff. Il se venge en relançant la procédure de destitution contre elle, avant d’être lui-même suspendu.
Son collègue de parti Michel Temer, aujourd’hui président par intérim et lui aussi impliqué dans les scandales, est si déconsidéré que, selon un sondage, moins de 10 % des Brésiliens souhaitaient qu’il devienne président.
Voilà le genre de politiciens qui imposent aux travailleurs brésiliens l’austérité, la baisse des salaires et des retraites, et la casse des services publics.