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Dans le monde
Grèce : les affameurs
Le 24 mai, une nouvelle réunion sur la dette grecque se tenait à Bruxelles. Les ministres des Finances de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) devaient dire si les nouveaux sacrifices imposés à la population remplissaient les conditions nécessaires à l’obtention par le gouvernement d’une tranche de financement de 11 milliards d’euros.
Ces sacrifices annoncés depuis quelques semaines sont très lourds : hausse des impôts directs, de la TVA, taxes supplémentaires sur le tabac, les carburants, le fuel, Internet, etc. Les privatisations devraient s’accélérer, dépouillant un peu plus l’économie du pays puisque les secteurs les plus rentables, comme les aéroports régionaux ou l’organisme des paris sportifs, ont déjà été cédés à des prix bradés. Salaires et pensions sont rognés chaque jour davantage. Les secteurs publics, l’enseignement, la santé, la sécurité sociale sont dévastés par les économies. Mais cela n’a pas empêché les créanciers d’exiger, en plus des mesures d’austérité, l’adoption par le gouvernement grec d’un mécanisme entraînant une baisse automatique des dépenses de l’État, au cas où il ne réaliserait pas les économies prévues. Cette nouvelle clause a été respectée une fois de plus par le gouvernement Tsipras, sous prétexte de voir non pas la fin de la dette, mais son allègement.
Si ces 11 milliards d’euros sont effectivement versés, plus de 7 milliards serviront à rembourser les créanciers dont la Banque centrale européenne (BCE) et le FMI. Un peu plus de 3 milliards permettront à l’État de payer ses factures à diverses entreprises. Après tout cela seulement, les créanciers discuteront de l’aménagement de la dette. Le FMI et les États européens avancent chacun leur proposition : la réduction du montant de la dette ou l’extension de la durée de remboursement jusqu’en 2080 au lieu de 2060. Ces dates à elles seules montrent l’ampleur et l’absurdité du problème.
Les créanciers ont décidé qu’il n’y aurait aucune solution viable pour la population : pour eux les travailleurs grecs doivent payer à l’infini et payer infiniment plus cher que ces États riches quand ils remboursent leur propre dette. La France, par exemple, rembourse certaines de ses dettes à un taux zéro voire négatif.
Plus on est pauvre, plus on paye et les créanciers veulent faire la démonstration qu’une dette aux banques doit être payée quoi qu’il arrive, quitte à appauvrir sans fin une population déjà pauvre.