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- Lutte ouvrière n°2505
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Dans les entreprises
Le « coût » de la grève… et celui de la direction
La direction d’Air France a dénoncé cette grève comme coûteuse. Pour elle. Comme si elle ne l’était pas pour les PNC ! Et comme s’il ne serait pas plus coûteux pour eux de ne pas se battre quand leurs conditions de travail et de rémunération ne cessent de se dégrader, et continueront de se dégrader s’ils ne contrent pas la direction. D’ailleurs, elle s’est bien gardée de chiffrer ce qu’elle escompte retirer chaque année des nouveaux sacrifices qu’elle veut imposer aux PNC. Et on ne serait pas surpris d’apprendre que cela dépasse le chiffre de « 100 millions » que la direction avance à propos de ce que lui coûterait cette grève.
Ce chiffre, difficile à vérifier, est en fait destiné à marquer les esprits du public, et à faire pression sur le personnel, en cherchant à lui faire croire qu’il mettrait en péril l’équilibre financier de l’entreprise et, partant, son emploi.
Mais qui a supprimé 10 000 emplois en trois ans, sans qu’il y ait eu de grèves ? La direction d’Air France. Et qui a réduit le salaire réel du personnel restant ? Cette même direction, qui n’a eu aucun scrupule à augmenter son PDG de 65 % en 2015 !
Quant à évaluer ce que la grève représente comme manque à gagner pour la compagnie, c’est une autre affaire. On nous dit qu’il faut indemniser les passagers. Mais ils ont déjà payé leur billet pour un vol non effectué, de l’argent qu’Air France a donc encaissé. Et même quand ces passagers sont acheminés sur des vols de remplacement par d’autres compagnies, outre qu’Air France peut compter sur l’entraide antigrève du patronat du secteur, elle se sert de l’argent déjà perçu pour des vols qu’elle n’a pas opérés. De plus, nombre de passagers souscrivent des assurances qui les remboursent sans que cela coûte à Air France. Quant aux non-assurés, malgré la règlementation européenne censée être protectrice en ce domaine, les compagnies comme Air France savent faire jouer la montre. Et devant le nombre de pièces qu’elles demandent avant de rembourser, elles espèrent bien que certains de leurs clients se décourageront.
Le prétendu « coût de la grève », c’est surtout un coup que le patronat du secteur aérien nous refait à chaque fois.