États-Unis : une vedette du sport contre le racisme14/09/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/09/2511.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : une vedette du sport contre le racisme

Fin août, lors de son premier match de la saison de football américain, Colin Kaepernick, joueur professionnel et vedette de l’équipe de San Francisco, a décidé de rester assis au moment où tout le stade se levait, comme d’habitude, lorsque l’hymne national américain retentissait. Ce geste n’est pas passé inaperçu.

Kaepernick, un Noir élevé au sein d’une famille blanche, ne voulait pas se « lever pour rendre hommage au drapeau d’un pays qui opprime les Noirs et les gens de couleur ». Trois événements récents l’ont décidé à protester publiquement : une manifestation de l’extrême droite blanche devant le siège de l’organisation antiraciste NAACP à Houston ; l’interdiction faite à des lycéens en Arizona de porter le tee-shirt « black lives matter » (la vie des Noirs compte), slogan de ceux qui protestent contre les meurtres racistes perpétrés par des policiers ; et l’assassinat d’un Noir à Milwaukee par la police, qui a provoqué de violentes manifestations de colère.

Le geste politique de Kaepernick rappelle celui d’autres sportifs noirs américains dans les années 1960, au moment où bien des Noirs combattaient le racisme d’État : aux Jeux Olympiques de Mexico deux sprinters, Tommie Smith et John Carlos, avaient baissé la tête et levé le poing sur le podium au moment où l’hymne était joué en mondiovision. Le boxeur Mohamed Ali avait refusé d’être embrigadé dans l’armée américaine qui menait la guerre au Vietnam en déclarant : « aucun Vietnamien ne m’a jamais traité de nègre ». Les autorités américaines leur avaient fait payer cette dénonciation du racisme en s’en prenant à leur carrière sportive.

Kaepernick est conscient du risque qu’il prend : « même s’ils me prennent le football, je sais que ce que j’ai fait est juste ». Il a renouvelé son geste déjà deux fois et quelques autres sportifs ont fait de même. Jusqu’à présent ils n’ont subi aucune sanction. En effet, depuis quelques années les brutalités policières envers les Noirs ne passent plus inaperçues. Des manifestations s’y opposent régulièrement.

Colin Kaepernick ne dénonce pas uniquement les policiers qui brutalisent les Noirs, il met aussi en cause les autorités qui leur donnent une arme et le pouvoir de s’en servir, et les laissent en place même lorsqu’ils tirent sur un homme désarmé. Constatant que « le pays a élu deux fois un président noir mais que bien des choses n’ont pas changé », il n’a pas d’illusion sur la prochaine élection présidentielle : « Vous avez Hillary Clinton qui a qualifié les adolescents noirs de super-prédateurs et Donald Trump qui est ouvertement raciste. »

Partager