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Dans le monde
Trump ou Clinton : le grand capital est sûr de gagner
L’éditorial des bulletins d’entreprise de Lutte ouvrière a été écrit le 7 novembre, donc avant le résultat des élections américaines.
Qui, de Trump ou de Clinton, l’emportera ? Dans ce qu’on nous présente comme une grande démocratie, le vainqueur n’est pas forcément celui qui a le plus de voix. En 2000, avec le système des grands électeurs, George W. Bush était ainsi devenu président tout en ayant obtenu moins de voix que son concurrent. En revanche, une chose est sûre : le grand capital raflera la mise.
Clinton est la candidate préférée des journalistes et des dirigeants politiques français. Elle l’est surtout de la bourgeoisie américaine aux yeux de laquelle elle présente toutes les garanties. Depuis quarante ans, avec son ex-président de mari, elle n’a jamais été prise en défaut de loyauté vis-à-vis des riches. Comme sénatrice puis comme ministre, elle a soutenu le renflouement des banques avec l’argent du contribuable. Elle a approuvé les guerres impérialistes en Irak et en Afghanistan. Elle s’est appuyée sur la dictature des rois du pétrole d’Arabie saoudite, sur celle des généraux égyptiens, ou encore sur l’État d’Israël contre les Palestiniens.
Quant à Trump, il a bâti sa campagne sur le rejet du « système ». On ne saurait pourtant imaginer un candidat issu plus directement de la classe capitaliste. Héritier, magnat de l’immobilier, multimilliardaire, il a bâti sa fortune en exploitant ses salariés et en licenciant tous ceux qui lui résistaient.
Qu’un tel affairiste parvienne malgré tout à obtenir le soutien d’une partie des classes populaires, parmi les Blancs en tout cas, montre le discrédit des démocrates. Quand Obama avait été élu, on nous expliquait qu’il représentait le renouveau et l’espoir. Huit ans après, les 1 % les plus riches ont capté 85 % des richesses supplémentaires du pays. Bien des travailleurs doivent aujourd’hui cumuler deux voire trois emplois précaires et mal payés pour pouvoir joindre les deux bouts. Plusieurs dizaines de millions d’Américains se sont appauvris, ont vu leur maison saisie et vivent dans des logements insalubres ou des parcs de caravanes.
Autrement dit, les travailleurs américains connaissent ce que nous vivons ici : les licenciements, la précarité, l’exploitation, une bourgeoisie vorace qui fait payer la crise aux classes populaires. Là-bas comme ici, les inégalités se sont creusées, au profit d’une petite minorité qui a imposé des sacrifices aux travailleurs au nom de la compétitivité.
Là-bas comme ici, les équipes au pouvoir se sont discréditées. Cela a profité à des politiciens démagogues qui font du protectionnisme et de la xénophobie leur fonds de commerce, Trump là-bas, Le Pen ici.
Dans les deux pays, les hommes politiques sont des comédiens qui occupent le devant de la scène pendant que les capitalistes décident. Trump est même une vedette de la télé-réalité ! Mais en France aussi, nous avons notre lot d’acteurs, de Le Pen, bourgeoise de Saint-Cloud qui prétend défendre les petites gens, à Hollande qui dénonçait la finance comme son ennemie, en passant par les sept perroquets de la droite qui surenchérissent dans les promesses antiouvrières !
Trump, qui a axé sa campagne sur le retour des emplois de Chine ou d’Amérique latine, fait lui-même produire dans des pays à bas coût. Pendant sa campagne, il n’a cessé de chercher à diviser les travailleurs, multipliant les propos insultants contre les Mexicains ou les musulmans, sans parler de ses propos misogynes. Il s’en est pris régulièrement à des Noirs, s’appuyant sur le racisme latent que les États-Unis ont hérité de l’esclavage et de la ségrégation. Ses succès d’audience sont préoccupants pour l’avenir car, là-bas comme ici, quand les travailleurs sont divisés, les capitalistes tirent les marrons du feu.
Bien plus que le résultat de cette élection, ce qui comptera pour l’avenir est la réaction des travailleurs américains. Bien que soumise à une exploitation souvent féroce, la classe ouvrière a tout un passé de luttes, aux États-Unis. Encore récemment, des travailleurs ont mené des combats contre le chantage à la compétitivité et pour un meilleur salaire minimum, comme chez McDonald’s. Et les Noirs se battent contre les violences policières qui les visent particulièrement.
Alors, tout ce qu’on peut souhaiter à l’issue de ces élections, où le vainqueur défendra les intérêts de la classe capitaliste, c’est que les travailleurs renouent avec les combats qu’ils ont menés par le passé contre leur bourgeoisie. Si le camp des travailleurs ne peut pas se faire entendre ce 8 novembre, il peut le faire dans l’arène de la lutte des classes, là où les choses se décident vraiment.