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Dans le monde
Chili : la lutte contre le système de retraite privé
Depuis plusieurs mois, les travailleurs chiliens sont en lutte contre l’actuel système de retraite par capitalisation, les AFP (Administration des fonds de pension). En juillet dernier, ils étaient 700 000 dans la rue, plus d’un million en août, 600 000 en octobre et ils sont à nouveau descendus massivement dans la rue le 4 novembre pour exiger « No+AFP ». La manifestation a été appuyée par des appels à la grève.
Ces manifestations, peu relayées par la presse et en dehors des syndicats, ont d’abord été des défilés auxquels participaient des familles populaires. La coordination No+AFP était à peine connue. Ce qui a tout déclenché est le montant exorbitant de la retraite de l’ex-femme du président de la Chambre des députés qui, après dix ans de travail dans l’administration pénitentiaire, allait recevoir une retraite d’environ 7 000 euros, alors que le salaire minimum est de seulement 333 euros et les pensions en moyenne de 260 euros.
Après le coup d’État de 1973, la dictature du général Pinochet a servi de banc d’essai aux économistes nord-américains, apôtres de la privatisation de l’économie et du démantèlement de la protection sociale. Pinochet a imposé le système privé de pension de retraite pour toute la population, à l’exception de l’appareil de répression, armée, police, gardiens de prison, dont les pensions restent garanties.
Cette retraite est une assurance privée obligatoire. Les cotisations mensuelles sont à la charge du travailleur, sans contribution de l’employeur ou de l’État, sauf dans les cas où les pensions sont beaucoup trop faibles ; dans ce cas l’État ajoute un petit supplément.
En revanche, jusqu’à présent, l’affaire a été très bonne pour une demi-douzaine de groupes capitalistes qui ont mis la main sur la gestion de ce pactole : deux géants nord-américains de l’assurance, Met Life et Principal ; un établissement financier chilien, CCHC, émanant du patronat du bâtiment et quelques autres groupes du même acabit.
Tous ces brasseurs d’argent utilisent le magot des cotisations de la population pour spéculer sur le marché mondial, avec le risque que les pensions des retraités s’évanouissent à l’occasion d’un énième krach financier. Il y a là largement de quoi alimenter la colère de tous ceux qui manifestent contre les AFP et exigent un système de retraite aussi garanti que celui de la police.