Industrie pharmaceutique : la course aux profits tue23/11/20162016Journal/medias/journalnumero/images/2016/11/2521.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Industrie pharmaceutique : la course aux profits tue

« La bourse ou la vie ! » : la formule menaçante des bandits de grand chemin d’hier pourrait-elle, aujourd’hui, servir d’enseigne à des industriels de la pharmacie ? C’est ce que semble indiquer le dernier exemple en date qui nous vient d’Inde.

Dans la population en grande partie misérable de cet immense pays, plus de 30 000 malades souffrent d’une pathologie appelée maladie de Wilson. Du fait d’un défaut génétique, une accumulation de cuivre dans certaines régions de leur cerveau induit, s’ils ne sont pas traités, de sévères troubles neurologiques et psychiatriques, avant de provoquer une mort très prématurée.

Il existe heureusement depuis des décennies un traitement efficace de la maladie de Wilson, la D-Penicillamine, qui élimine l’excès de cuivre. Plusieurs firmes pharmaceutiques occidentales commercialisent ce médicament dans le monde pour un prix dépassant 100 euros par mois de traitement. Ce coût étant bien trop élevé pour la majorité des patients indiens, le gouvernement de New Delhi a obtenu un accord qui permet de faire produire localement ce médicament par des fabricants de génériques au prix de 20 euros (1 500 roupies).

Encore faut-il qu’ils disposent de la matière première nécessaire à sa production, donc que les industriels qui la produisent en amont l’envoient à prix réduit aux génériqueurs. Or, ce n’est plus le cas depuis deux mois. Les firmes qui approvisionnaient le marché indien depuis des années ont décidé de ne plus le livrer, afin d’écouler toute leur production sur les marchés occidentaux où leurs profits sont plus élevés.

Des milliers de patients indiens, qui présentent souvent des troubles dus à l’arrêt du traitement, en sont réduits à camper autour des hôpitaux neurologiques de leur pays, dans l’espoir d’une prise en charge avant que la maladie ne les tue.

Si la maladie de Wilson peut se soigner, le capitalisme, lui, est une maladie mortelle.

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