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Brésil : la classe ouvrière relève la tête
Mercredi 15 mars, à l’appel des syndicats, près d’un demi-million de travailleurs brésiliens ont fait grève et manifesté contre un projet de réforme des retraites.
Il y a deux ans, le dimanche 15 mars 2015, des manifestations contre la corruption et contre la présidente Dilma Rousseff (du Parti des travailleurs) avaient rassemblé un million et demi de personnes, à l’appel de la droite. Celle-ci gouverne maintenant depuis près d’un an.
La corruption n’a pas disparu. La justice poursuit dans ce cadre 83 ministres et parlementaires, qui en vertu de leur immunité seront jugés par la Cour suprême, et 211 simples citoyens, dont l’ex-président Lula.
Les manifestants du 15 mars ne dénonçaient pas ces corrompus, mais des réformes antiouvrières, préparées par la gauche et présentées par l’actuel gouvernement de droite. La plus honnie est celle des retraites. Femmes et hommes ne pourraient plus partir en retraite qu’à 65 ans (aujourd’hui 55 ans pour les femmes et 60 pour les hommes) et après avoir cotisé 25 années. Or plus de la moitié des travailleurs n’ont pas de contrat de travail, et donc ne cotisent pas, et le chômage touche plus d’un salarié sur dix.
Quant aux pensions de retraite, elles baisseraient brutalement. Elles se monteraient à 51 % de la valeur moyenne du salaire pendant les années cotisées, plus 1 % par année cotisée. De plus, pour toucher la pension minimum réservée aux personnes âgées et aux handicapés, il faudrait avoir 70 ans (au lieu de 65). Et cette pension, qui équivaut aujourd’hui au salaire minimum, serait déconnectée de celui-ci et de l’augmentation du coût de la vie. Or c’est bien souvent, dans les régions pauvres et agricoles du Nordeste, l’unique revenu de la famille.
Contre ces projets réactionnaires, de nombreux travailleurs ont débrayé quelques heures ou la journée un peu partout, dans les entreprises les plus grosses et les plus syndicalisées : métallurgie, automobile, pétrole, ports, poste, autobus, métro, santé, enseignement. Les manifestations ont réuni 200 000 personnes à Sao Paulo, 100 000 à Rio et à Belo Horizonte, des dizaines de milliers dans d’autres villes.
C’est peut-être le début d’une remontée des luttes. Mais les travailleurs qui se mobilisent ne doivent pas oublier que les réformes qu’ils combattent aujourd’hui ont été préparées et mises en route par les gouvernements de gauche, appuyés par les directions syndicales. Ces gens-là poussent aujourd’hui à la mobilisation pour tenter de revenir au pouvoir, et c’est l’ex-président Lula qui a prononcé le discours de clôture de la manifestation du 15 à Sao Paulo. Malgré ses cinq inculpations pour corruption, Lula est le mieux placé dans les sondages pour la présidentielle de 2018. Et il ne fait pas mystère de son désir de revenir en sauveur à la tête de son pays.
Pour contrer l’offensive de la bourgeoisie, les travailleurs brésiliens devront se battre par et pour eux-mêmes, et non se fier à des hommes comme Lula, devenus de simples politiciens bourgeois.