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Dans les entreprises
Lafarge : l’argent n’a pas d’odeur
Éric Holsen, le PDG du groupe franco-suisse LafargeHolcim, l’un des plus gros producteurs mondiaux de ciment, a dû démissionner. Ce départ fait suite à la révélation des versements effectués par le groupe à l’État islamique pour continuer à faire fonctionner son usine de Jalabiya en Syrie.
Ce PDG n’a pas été pris d’une soudaine crise de vertu, pas plus que les actionnaires qui l’ont poussé dehors. La révélation d’une absence de scrupule qui est celle de tout capitaliste a simplement servi de prétexte à un règlement de compte entre les dirigeants français et suisses de l’entreprise. Les risques d’amendes et de chute des actions liés à cette mauvaise publicité ont joué dans cette éviction un rôle autrement plus déterminant que les préoccupations humanitaires.
De 2013 à septembre 2014, Lafarge a reconnu avoir versé des centaines de milliers de dollars au groupe État islamique. Cela n’a rien d’étonnant de la part d’une société qui pendant la Seconde Guerre mondiale a fourni le ciment du mur de l’Atlantique à l’Allemagne hitlérienne.
Faire des affaires avec n’importe qui est dans l’essence même du capitalisme. Les grands trusts ont agi ainsi de tout temps, et partout dans le monde. Certains financent les talibans pour pouvoir récupérer en Afghanistan le talc utilisé dans l’industrie automobile, d’autres s’acoquinent avec les groupes armés qui tiennent les collines de la République démocratique du Congo d’où sont extraits les minerais nécessaires à la fabrication des téléphones portables.
Les arrangements ne sont d’ailleurs pas significativement différents qu’il s’agisse de bandes armées ou de dictatures ayant pignon sur rue, voire des projets les plus odieux des grandes puissances. Total a fait protéger ses installations en Birmanie par l’armée de la junte au pouvoir qui massacrait les populations alentours, et LafargeHolcim s’est dit prêt à fournir le béton pour ériger le mur que Trump prétend bâtir à la frontière américano-mexicaine.
La loi du profit est la seule boussole de ceux qui possèdent ces groupes, pour leurs fréquentations comme pour le reste.