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Dans le monde
Industrie pharmaceutique : rien à voir avec la santé
Les antibiotiques ont révolutionné la médecine depuis le milieu du 20e siècle, en faisant reculer massivement les infections bactériennes. Malheureusement, les médecins se sont vite rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’une victoire définitive et que l’apparition d’une résistance des bactéries aux traitements était un phénomène systématique.
La production constante de nouveaux antibiotiques est donc une nécessité absolue pour que l’on ne retourne pas rapidement un siècle en arrière. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il faut 15 nouveaux antibiotiques pour faire face dans la prochaine décennie. Elle a depuis longtemps alerté l’industrie pharmaceutique sur le dramatique problème de santé qui se profile, et rien ne se passe, ou presque.
Produire un antibiotique nouveau pour combattre spécifiquement les infections devenues résistantes, c’est en effet créer un médicament de dernier recours (heureusement !) et, du coup, aussi rarement utilisé que possible, lorsque tous les autres, anciens et donc peu chers, sont devenus inefficaces. C’est donc un marché par définition très limité, et de ce fait peu rentable. Alors, comme dans le système capitaliste c’est le profit financier qui détermine les choix, et pas le bénéfice social quelle que soit son évidence, les industriels de la pharmacie n’investissent que très peu dans le domaine et, pour la plupart, pas du tout.
Les gouvernements allemand et britannique ont chacun commandé un rapport pour évaluer les succès qu’aurait, auprès des industriels, une nouvelle stratégie. Elle consisterait à mendier leur aide en leur offrant (en plus du revenu de la vente, évidemment) un milliard de dollars de prime pour chaque nouvel antibiotique mis sur le marché.
Las ! Les études d’opinion parmi les responsables industriels ont été formelles : pour un milliard, mon brave monsieur, on n’a plus rien. À moins de deux milliards de dollars de prime par antibiotique, l’incitation ne sera plus suffisante, ont répondu en chœur les maîtres de cette industrie, dont les dix principaux leaders ont obtenu, en 2015, un bénéfice net cumulé de 91,71 milliards de dollars !
« La bourse ou la vie » du Moyen Âge, c’est aujourd’hui : « le capitalisme ou la santé ». Et c’est de l’ensemble de l’humanité qu’il est question.