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Leur société
Le Bourget : les profiteurs de guerre tiennent salon
Alors que les journaux économiques annonçaient un Salon de l’aéronautique du Bourget un peu terne, la valse des milliards de commandes a finalement été largement au rendez-vous.
Pour l’ouverture, lundi 19 juin, tout avait été minutieusement orchestré pour assurer la réussite des ventes. Sous un soleil de plomb, en présence d’un astronaute de service fraîchement de retour sur Terre, le tout nouveau président a parfaitement incarné son rôle de jeune premier représentant de commerce. Fraîchement débarqué au Bourget d’un A400M, l’avion militaire d’Airbus, qui avait décollé quelques minutes avant de la base aérienne de Villacoublay située à une trentaine de kilomètres, Macron s’est ensuite longuement ébahi devant les vols verticaux des hélicoptères d’Airbus et les numéros de voltige des Rafale de Dassault.
Dans la guerre mondiale que se livrent les géants de l’aéronautique, Boeing a ouvert les hostilités en annonçant dès l’ouverture du Bourget 240 commandes et engagements d’achat pour son 737 Max 10. Ne voulant pas se laisser distancer, son concurrent européen Airbus a répliqué une heure après en annonçant une commande ferme de cent A320 néo, pour une valeur de 10,8 milliards de dollars. Entre coups de bluff et commandes réelles, la partie de poker menteur s’est poursuivie jusqu’à la fermeture.
En plus des avionneurs, ce sont les motoristes qui ont eu aussi de quoi se réjouir. Ainsi CFM international, une coentreprise entre Safran et General Electric, qui vend des moteurs aussi bien à Boeing qu’à Airbus, a pour sa part engrangé 5,9 milliards de dollars de commandes en une seule journée.
Au Salon, ce sont aussi les marchands de mort qui ont reçu du baume au cœur, après s’être affrontés à coup de démonstrations dans le ciel du Bourget. Après Dassault, Lockheed Martin a fait voler son F-35, déjà vendu à 2 400 exemplaires à l’armée américaine. Après avoir annoncé 440 commandes supplémentaires venues de onze pays, Lockheed Martin vise désormais le marché indien. Il espère bien tailler des croupières à Dassault, qui n’a réussi à y placer que 36 de ses Rafale, en s’associant avec l’industriel Tata pour faciliter les accords avec le gouvernement.
Rien de bien nouveau sous le soleil capitaliste. Les avions strient le ciel sous le regard des dirigeants politiques et des hauts gradés, les actionnaires se frottent les mains, et les bombes vont bientôt pleuvoir aux quatre coins du monde, qu’ils mènent tout droit à la catastrophe.