Erdogan frappe ses opposants jusqu’en Espagne23/08/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/08/2560.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Erdogan frappe ses opposants jusqu’en Espagne

Jeudi 3 août, le journaliste et écrivain turc Hamza Yalçin a été arrêté à l’aéroport de Barcelone et depuis il est emprisonné dans cette même ville. Il court aujourd’hui le risque d’être extradé en Turquie alors qu’il est là-bas condamné à la réclusion à perpétuité sous l’accusation de terrorisme, comme de nombreux opposants au régime d’Erdogan, eux aussi arrêtés.

Hamza Yalçin a 59 ans. Il était communiste et il militait clandestinement dans l’armée avant d’être arrêté en 1980. Comme de nombreux militants turcs, il a connu la prison et la torture en raison de son combat contre les dictatures successives. Il a dû s’exiler définitivement suite à une condamnation à perpétuité prononcée contre lui. Après être passé par plusieurs pays d’Europe, il s’est fixé en Suède en 1984, obtenant la nationalité suédoise. Il dirige aussi depuis la Suède un magazine de gauche intitulé Odak Dergisi, très critique envers le régime d’Ankara.

Le 3 août, la police espagnole l’a arrêté sur la base d’une notice d’Interpol établie suite à un mandat d’arrêt du gouvernement turc qui l’accuse d’insulter Erdogan et d’être un terroriste.

L’Espagne dispose de quarante jours, c’est-à-dire jusqu’au 11 septembre, pour décider si elle renvoie ou non Hamza Yalçin en Turquie – ce qui signifierait le livrer au dictateur turc. Une campagne de solidarité avec une pétition en ligne pour sa libération se développe, soutenue par de nombreuses organisations.

Pour Erdogan, ce coup de force est une manière de plus d’affirmer l’évolution de son régime vers une dictature féroce. Il interdit des grèves, il se sert de l’état d’urgence et des lois d’exception pour durcir la condition ouvrière. Il ne supporte pas la moindre liberté d’expression et multiplie les arrestations d’opposants. Ainsi les deux enseignants Semih Özakça et Nuriye Gülmen, qui ont été radiés de l’enseignement et poursuivent une grève de la faim, ont été emprisonnés au bout du 76e jour de cette grève. La Cour européenne des droits de l’homme n’a pas estimé que leur vie était en danger.

Aujourd’hui, plus de 176 journalistes sont emprisonnés en Turquie, parmi lesquels le journaliste français Loup Bureau et l’Allemand Deniz Yücel, dont les médias ont parlé. Parallèlement, le gouvernement turc attaque les militants non seulement sur son sol, mais aussi à l’étranger. Ce 19 août, un autre opposant, Allemand d’origine turque, Dogan Akhanli, a été arrêté à Grenade en Espagne, encore sur la base d’une notice d’Interpol, avant d’être remis en liberté.

Les médias font état des démarches diplomatiques entamées par différents pays européens, et notamment la Suède et l’Allemagne, en vue de faire libérer leurs ressortissants. Mais rien ne dit que cela aboutira. La mobilisation est plus que jamais nécessaire.

Partager