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Leur société
Budget 2018 : prendre aux pauvres pour donner aux riches
Le budget de l’État pour l’année 2018 doit être présenté au Conseil des ministres puis discuté au Parlement dans les semaines qui viennent. Après avoir promis dans sa campagne électorale et au début de son mandat de la sueur, du sang et des larmes, Macron a visiblement demandé à ses ministres de mettre dans le prochain budget un peu de pommade sur les plaies.
La conjoncture économique, meilleure que prévu paraît-il, permettrait donc désormais de faire moins de sacrifices. L’État ne supprimerait que 1 600 postes de fonctionnaires en 2018, ne mettrait fin qu’à 80 000 contrats aidés, ne chercherait que 16 milliards d’économies à faire, au lieu de 20, et prendrait même des mesures favorables aux salariés. Le ministre du Budget, Darmanin, affirme désormais que les réformes vont avoir l’effet d’un treizième mois offert aux salariés, ce qui serait inédit sous la République, rien de moins.
La conjoncture économique n’a pas grand-chose à voir avec ces déclarations. En revanche, la conjoncture sociale et politique a un peu changé. D’une part, la bulle dorée du macronisme fabriquée par les médias n’a pas passé l’été ni survécu au train de mesures visant à prendre aux pauvres pour donner aux riches. D’autre part, et c’est le plus important, le dégoût des travailleurs salariés a commencé à s’exprimer dans les manifestations du 12 septembre. Les ministres laissent donc entendre que l’État pressurera moins la population travailleuse que prévu initialement.
Personne ne peut les croire. Au-delà des ajustements conjoncturels et du petit jeu politicien, la logique budgétaire de l’État est constante : diminuer tous les budgets utiles à la population, conserver voire augmenter ceux qui permettent aux capitalistes d’engranger des bénéfices, augmenter la pression fiscale sur les plus pauvres pour la diminuer sur les gros actionnaires. C’est très exactement ce que promet le budget 2018. Pour les classes populaires il prévoit : la suppression de dizaines de milliers de contrats aidés, la baisse des APL, la chasse aux chômeurs, la pénurie à l’hôpital, dans les écoles, les transports et le logement social, l’étranglement des communes, l’augmentation de la CSG. Pour les capitalistes sont prévus : la baisse de l’impôt sur la fortune, la pérennisation des cadeaux faits pendant l’ère Hollande, l’augmentation des commandes aux marchands de canons et aux bétonneurs, et des aides, encore des aides, toujours des aides.
Le budget sera, n’en doutons pas, voté par l’Assemblée et les travailleurs auront toutes les raisons de le contester dans les entreprises et dans la rue.