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Autriche : l’extrême droite renforcée
Avec environ 31,5 % des voix, le parti conservateur ÖVP est arrivé en tête des élections législatives qui ont eu lieu en Autriche le 15 octobre. Son candidat, Sebastian Kurz, jeune loup imitant le style de Macron, avait organisé en mai dernier une minirévolution de palais contre les caciques de son parti et provoqué des élections anticipées.
Alors que l’ÖVP gouverne le pays depuis dix ans avec les sociaux-démocrates, et que lui-même siège au gouvernement depuis 2011, Kurz a réussi à se faire passer pour un homme neuf. Quant à son programme, il l’a copié en grande partie sur celui du parti d’extrême droite FPÖ. Une fois de plus, car cela n’est pas nouveau en Autriche, la campagne a en effet été marquée par des thèmes antimigrants, le « protéger notre système social des migrants » de Kurz faisant pendant au slogan du FPÖ : « arrêter l’islamisation de l’Autriche ».
Tout cela est bien sûr un tissu de mensonges répétés en boucle. L’Autriche est très loin d’être envahie. En 2015, au plus fort de l’arrivée des réfugiés, 88 000 d’entre eux ont déposé une demande d’asile dans le pays, soit 1 % de la population, et depuis leur nombre s’est considérablement réduit et de nombreux demandeurs d’asile ont été déboutés et renvoyés chez eux discrètement. En reprenant ces thèmes xénophobes, Kurz a récupéré des électeurs qui avaient voté pour le candidat du FPÖ lors de l’élection présidentielle de décembre dernier. Mais le FPÖ a aussi été renforcé, arrivant cette fois en troisième position avec 26 % des suffrages, juste derrière le SPÖ social-démocrate qui se maintient à 26,9 %.
Malgré l’usure du pouvoir, ses ambiguïtés vis-à-vis des positions les plus réactionnaires et les scandales qui ont émaillé sa campagne, le SPÖ a réussi à conserver son électorat, en jouant, auprès du public de gauche, sur la peur d’une évolution encore plus à droite. Mais, dès le lendemain du scrutin, les principaux dirigeants du SPÖ se sont déclarés prêts à négocier aussi… avec le FPÖ. D’ailleurs le SPÖ dirige déjà avec l’extrême droite la ville de Linz et le land du Burgenland. Des négociations vont donc maintenant s’ouvrir pour la formation d’un nouveau gouvernement, où toutes les combinaisons politiciennes sont possibles, mais qui ne peut être qu’antiouvrier.
Des attaques contre les étrangers sont prévues, telles que la réduction de l’équivalent du RSA pour les étrangers, y compris ceux originaires de l’Union européenne. Mais bien d’autres mesures ont aussi été évoquées par Kurz, pour renforcer « l’attractivité de l’Autriche », qui est déjà un des pays les plus riches de l’Union européenne : nouvelles baisses de l’impôt sur les sociétés, économies dans les budgets sociaux et en particulier la santé, aggravation des conditions de départ en retraite, refus de reconnaître un accord devant porter le salaire minimum à 1 200 euros net en janvier prochain, etc. Après cette campagne bien loin des intérêts des travailleurs, les attaques contre eux risquent de se multiplier.