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Leur société
Les fauteurs de guerre honorés
Le 11 novembre, tout comme Valls en son temps, Macron, entouré de caméras, a choisi de rendre hommage à Clemenceau, en visitant son appartement reconverti en musée.
Cet ancien président du Conseil de 1917 à 1919 est pour les nationalistes de tous bords le Père la victoire de la Première Guerre mondiale, devenu aujourd’hui, comme l’écrit Le Figaro, un dirigeant « totémique » de la classe politique. Mais en plus d’être l’un des principaux responsables de la boucherie impérialiste, Clemenceau fut un homme politique bourgeois férocement antiouvrier, favorable après la guerre à l’écrasement de la Russie révolutionnaire et hostile à toute paix « équitable » avec l’Allemagne.
Une première fois président du Conseil en 1906, il s’illustra comme briseur de grèves : il envoya l’armée contre les mineurs du Nord en grève suite à la catastrophe de Courrières qui avait fait plus de 1000 morts. Puis, à l’approche du 1er mai, il fit pratiquement occuper Paris par l’armée pour contrer les grèves ouvrières organisées par la CGT. L’année suivante, c’est contre les vignerons révoltés du Midi de la France qu’il envoya à nouveau la troupe. Puis en 1908, contre des grèves ouvrières en région parisienne, il fit envoyer la troupe qui fit plusieurs morts et fit arrêter des dirigeants de la CGT.
Redevenu président du Conseil en 1917 avec l’objectif de mener la guerre jusqu’au bout, il réprima les mutineries sur le front et les grèves dans les usines. À la fin de la guerre, dès le lendemain de l’armistice, animé par sa haine de la révolution d’Octobre, il tenta d’organiser l’occupation des ports du sud de la Russie et du bassin minier du Donetz afin de participer aux côtés des armées blanches à l’écrasement du nouveau pouvoir des soviets. Heureusement le plan échoua totalement et en 1919, les marins français de la mer Noire, gagnés par les idées révolutionnaires, se mutinèrent et hissèrent le drapeau rouge.
La même année, Clemenceau fut celui des dirigeants des puissances victorieuses qui exigea, lors des négociations des traités de fin de guerre, les conditions les plus dures pour l’Allemagne vaincue. Après le traité de Versailles, celle-ci dut céder un septième de son territoire, un dixième de sa population et s’engager à payer d’énormes réparations financières supportées par la population. Le traité de Versailles fut ainsi un des éléments à la source du second conflit mondial, vingt ans plus tard.
Voici l’homme « au-dessus des partis » dont Macron prétend s’inspirer. Un modèle effectivement !