Égypte : victimes des djihadistes et de l’impérialisme29/11/20172017Journal/medias/journalnumero/images/2017/11/2574.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Égypte : victimes des djihadistes et de l’impérialisme

Vendredi 24 novembre, 305 Égyptiens de Bir al-Abed, un village du Sinaï-Nord, ont été tués lors d’un attentat dans la mosquée. Des dizaines d’autres ont été blessés. En l’absence de revendication formelle, l’attentat semble être l’œuvre d’un groupe djihadiste affilié à l’EI et opérant dans la région.

Après l’attentat du 24 novembre, l’armée annonce avoir riposté en bombardant des positions supposées de la branche égyptienne de l’EI. Le couvre-feu a été renforcé. Instauré depuis plus de quatre ans au titre d’une stratégie antiterroriste, il s’accompagne de coupures de l’eau et des liaisons téléphoniques.

La population de ce gouvernorat de la péninsule du Sinaï, issue majoritairement de tribus bédouines, habite une des régions les plus pauvres d’Égypte du point de vue des infrastructures et des emplois. Lieu de trafics en tout genre en raison de sa situation géographique, en particulier dans sa partie orientale proche des frontières avec Gaza et Israël, le Sinaï-Nord est depuis le coup d’État de Sissi un terrain d’affrontement entre groupes djihadistes et soldats ou policiers dépêchés par le régime. Les habitants se disent pris entre deux feux, subissant fréquemment, outre les diverses pénuries, les menaces et les violences de Daech et également les injustices, arrestations, détentions arbitraires et brutalités de l’armée égyptienne.

Depuis le début de l’été 2013, les bandes djihadistes affiliées de façon mouvante à al-Qaida ou à l’EI ont multiplié les attentats et attaques meurtrières dans la péninsule, prenant à plusieurs reprises pour cible les chrétiens égyptiens, bombardant des églises au mortier, poussant au départ ouvriers, enseignants, ou juges coptes victimes de menaces.

Des villages bédouins, dont la population est accusée de soutenir le pouvoir central, ont également été pris pour cible. La répression menée par le gouvernement Sissi contre les partisans de l’ancien président Morsi, du parti des Frères musulmans, semble avoir incité certains membres à se rapprocher des groupes djihadistes qui, selon des témoignages, militent activement dans les geôles du pouvoir contre la supposée mollesse des premiers. L’attitude répressive de Sissi contre les opposants politiques et les travailleurs qui revendiquent – tous traités indistinctement de terroristes – peut aller dans le même sens.

À cela s’ajoute la dégradation de la vie quotidienne pour les classes pauvres, frappées par la hausse des prix et des taxes, et l’inflation. Les pressions exercées par le FMI sur le gouvernement Sissi pour qu’il durcisse la politique étatique à l’égard de la population viennent en parallèle avec la complaisance des puissances impérialistes à l’égard du dictateur, bon client des marchands d’armes. Il y a moins d’un an, Le Drian, alors ministre de la Défense, voyait en l’Égypte « un pays d’équilibre pour l’ensemble de la zone » qui allait « renforcer la démocratie dans le long terme ». Combien de centaines d’opposants emprisonnés ou disparus sont-ils oubliés pour des contrats à six milliards d’euros ?

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