Tunisie : contre l’inégalité dans l’héritage14/03/20182018Journal/medias/journalnumero/images/2018/03/2589.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Tunisie : contre l’inégalité dans l’héritage

Le 11 mars dans le quartier du Bardo, à Tunis, mille ou deux mille femmes et quelques hommes ont manifesté pour exiger que soit abolie l’inégalité entre femmes et hommes en matière d’héritage. En effet, jusqu’à présent, symbole insupportable et réalité fréquente, les femmes n’héritent que de la moitié de la part de l’homme du même degré de parenté.

Présenté comme signe de la modernité du pays sous Bourguiba, le Code du statut personnel instauré en 1956 abolissait la polygamie officielle, permettait le divorce en remplacement de l’odieuse répudiation, fixait pour les femmes un âge minimum de mariage, 15 ans, devenu 18 ans par la suite. Mais l’héritage restait un tabou. Jugé conforme aux interprétations du droit islamique, ce tabou était bien commode pour déposséder des femmes de ce à quoi elles ont droit. Il est symbolique de la situation d’infériorité dans laquelle la société veut les maintenir.

Même après le départ du dictateur Ben Ali, même après des heures de parlottes et des pages de textes juridiques mentionnant l’égalité des droits entre hommes et femmes, dont la Constitution de 2014, les femmes, en particulier les femmes travailleuses évidemment, continuent à subir l’inégalité.

L’article 23 du Code du statut personnel, instituant encore le père comme chef de famille et niant le concept de viol conjugal, bien que décrié, est toujours en vigueur. Le gouvernement, comme tant de ses semblables dans d’autres pays, donne l’exemple en n’ayant nommé que six femmes sur 43 ministres et secrétaires d’État. Quant à la centrale syndicale UGTT, il aura fallu attendre le congrès de 2017 pour qu’elle accepte une femme, une seule, parmi les treize membres du bureau exécutif. Pour que deux femmes soient nommées à chaque niveau de responsabilité, il faudra attendre 2022. Pourtant, les femmes constituent environ la moitié des syndiqués !

L’inégalité des salaires, en particulier dans le secteur agricole où les ouvrières sont sous-payées et où une femme sur cinq contre un homme sur trois possède un petit lopin, est bien significative du chemin qui reste à parcourir. La lutte des femmes, la lutte des travailleuses et des chômeuses, est le seul levier qui fera reculer gouvernants et patrons, dans ce domaine comme dans d’autres.

Partager