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- Lutte ouvrière n°2649
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Leur société
Prendre l’argent là où il est !
Pas avare de paroles, surtout en période de campagne électorale, Macron a lancé quelques pistes destinées à rapiécer le pouvoir d’achat mité des classes populaires.
Mais où prendre l’argent nécessaire, a objecté Macron lui-même, relayé par le chœur des commentateurs ?
On entend déjà dire que le déficit de la Sécurité sociale va devoir repartir à la hausse, selon un rapport opportunément publié par le Haut conseil du financement de la protection sociale. Cinq milliards de pertes de rentrées seraient liés à la baisse envisagée de l’impôt sur le revenu, dix autres aux mesures annoncées par Macron en décembre, en réponse aux mouvements des gilets jaunes. Au grand flou artistique sur ce qui est censé redonner du pouvoir d’achat aux salariés, retraités, pensionnés et chômeurs, fait écho la savante confusion entretenue sur son financement.
Bercy a estimé à 17 milliards d’euros le coût des mesures annoncées par Macron. Certaines des niches fiscales qui permettent aux entreprises de payer moins d’impôt seraient supprimées, avancent président et ministres. Il serait aussi nécessaire d’allonger le temps de travail, et en tout cas la durée de cotisation au long d’une vie de travailleur, ajoutent-ils. On réduira également, de toute façon, les dépenses publiques, concluent-ils comme un refrain. Autrement dit, ce serait encore aux travailleurs et aux classes populaires de payer la facture !
« Il y a deux dispositifs qui ne rentreront pas en ligne de compte », a affirmé le Premier ministre, « c’est le crédit d’impôt recherche, car il est considéré comme un instrument essentiel au développement de la compétitivité française, et ce qu’on appelait le CICE et qui est désormais un allègement de charges. » Cet allègement pérennisé pèse tout de même 20 milliards d’euros par an, 40 cette année, et six ou sept milliards le CIR, sanctuarisé selon Bercy.
C’est tout cadeau pour le grand patronat ! À elles seules, ces deux gigantesques niches permettraient de payer pendant un an plus de deux millions de salariés touchant un smic à 1 800 euros. Et, si cela ne suffisait pas, pourquoi ne pas prendre sur les 57 milliards de dividendes versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2018, dividendes qui s’annoncent pour 2019 en hausse de près de 10 % pour la totalité des actionnaires de ces quarante grandes sociétés ?