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- Lutte ouvrière n°2659
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Dans les entreprises
WN – Amiens : “Lessivés par Whirlpool, essorés par WN”
Jeudi 11 juillet, une bonne partie des 180 salariés de l’usine WN ont manifesté dans les rues d’Amiens. Menacés de licenciement, ils ont crié leur dégoût contre la direction de l’entreprise qui s’apprête à mettre la clé sous la porte.
Ces travailleurs sont dans leur grande majorité des anciens de Whirlpool, dont la fermeture annoncée en pleine campagne présidentielle avait attiré Le Pen et Macron sur le parking de l’usine. Chacun avait rivalisé de promesses de ne pas laisser tomber les ouvriers. Pour l’un comme pour l’autre, il n’était bien entendu pas question d’interdire les licenciements au groupe Whirlpool, numéro un mondial de l’électroménager dont les actionnaires empochent des milliards de bénéfices. Non, les promesses des deux candidats portaient sur l’assurance de trouver un repreneur auquel le gouvernement accorderait son soutien.
C’est ainsi qu’il y a un peu plus d’un an, un industriel local, Nicolas Decayeux, empochait 2,5 millions de l’État, qui s’ajoutaient aux 7,5 millions d’euros versés par Whirlpool pour la réindustrialisation du site. Propriétaire d’une usine de fabrication de boîtes aux lettres et patron du Medef du département, Decayeux s’engageait à reprendre une partie des salariés sur le site, reconverti dans la production de casiers réfrigérants, d’éléments de cages d’ascenseurs, voire de voiturettes sans permis.
Toute la mascarade du « sauvetage des emplois » jouée par Macron et Decayeux a finalement abouti à la mise en liquidation judiciaire de l’entreprise. Dans la manifestation, jeudi 11 juillet, les travailleurs ont exprimé toute la haine qu’ils ressentent envers le repreneur et le gouvernement qui les ont abreuvés de mensonges et ont ainsi « joué avec nos vies et celles de nos familles » comme le disait une ouvrière. « Pendant des mois, alors qu’il n’y avait pratiquement pas de production dans l’usine, la direction nous a dit de nous taire. On a joué le jeu et, au final, on s’est fait blouser », constatait un manifestant. Un autre soulignait avoir perdu la moitié des congés de reclassement, soit neuf mois, mais aussi les budgets formation et création d’entreprise mis en place dans le cadre du plan de licenciements de Whirlpool. Une travailleuse ajoutait : « On sait que les licenciements vont tomber d’ici quelques semaines. On va vivre un deuxième licenciement en deux ans. À nouveau la boule au ventre à se demander où on va retrouver du travail à 50 ans ! ».
Un représentant de l’usine Whirlpool de Naples, en Italie, manifestait aux côtés des travailleurs d’Amiens. Il apportait la solidarité des travailleurs de cette usine confrontés à la même menace. « Depuis 2009, nous sommes en contrat de solidarité, avec des salaires réduits, entre 900 et 1 000 euros mensuels. Nous avons eu droit aux mêmes mensonges de Whirlpool, promettant que les sacrifices consentis par les ouvriers n’étaient pas vains et que l’entreprise débloquerait 17 millions d’euros sur trois ans pour garantir l’avenir du site. Le tout pour aboutir à l’annonce, le 31 mai dernier, que l’usine était mise en vente et que le sort des 430 ouvriers, sans compter les 600 travailleurs de la sous-traitance, ne regardait plus Whirlpool. »
Où qu’ils choisissent d’implanter leurs usines, ces grands groupes font ce qu’ils veulent, garantissant leurs profits sur la peau des travailleurs et fidèlement secondés par des gouvernements qui accompagnent tous leurs mensonges. Les travailleurs du site d’Amiens demandent aujourd’hui des comptes à Decayeux et au gouvernement : où sont passés les millions d’aides versés ? Et quel que soit l’avenir de WN, ils exigent de ne pas faire les frais de cette reprise fantôme.